dimanche 1 février 2009

Un dimanche gâché.

Il y a des jours avec et des jours sans. C'est comme ça, on n'y peut rien, ou pas grand-chose. Aujourd'hui, pour moi, c'était un jour sans. A cause de trois maudites copies. Depuis une semaine et pour encore une semaine, j'ai mes trois paquets, les travaux de mes trois classes sur ma table, devant moi. Je prends mon petit-déjeuner en leur présence, je déjeune en les regardant, je dîne avec elles. Elles ne me quitteront pas tant que la dernière ne sera pas corrigée, tant que les trois tas de feuilles ne seront pas remplacés par trois autres, puisque ce sera dans quinze jours le bac blanc, et autant de nouvelles corrections en perspective (ce seront mes vacances de février!).

Mais revenons à ce dimanche et à ce paquet qui, petit à petit, diminue sous mes yeux, mais pas à vue d'oeil, car sa descente est aussi lente que la fonte des neiges. Mais à chaque jour suffit sa peine. L'important, c'est de bien commencer la journée, les premières copies. Quelques bonnes dissertations vous mettent dans de meilleures dispositions, une bonne humeur, on voit la vie et la classe autrement, d'un bon oeil. Les élèves croient être les seuls à être heureux de leurs bons résultats. Un professeur l'est encore plus.

Mais pas moi aujourd'hui, hélas. Le hasard m'a fait tirer trois très mauvaises copies. Je n'ai pas eu la main heureuse. La première est un contresens total: à la question "Qu'est-ce qu'être maître de soi?", l'élève me parle de la liberté, des droits et des devoirs de l'homme, de la démocratie. Il a manifestement confondu maîtrise de soi et liberté. Résultat: cinq. Je ne peux pas mettre plus, après cinq mois de philosophie. Cet élève a bêtement retenu que j'avais fait un récent cours sur la liberté, il a donc parlé de la liberté, alors que la question posée renvoyait beaucoup plus au désir (et à son contrôle) qu'à la liberté.

La deuxième copie est une catastrophe absolue: l'élève est arrivé en retard (c'était un devoir surveillé), il a tout de même disserté trois heures (sur les quatre prévues), il n'a su que rédiger un peu plus d'une page, mal écrite, des phrases sans queue ni tête, quelque chose qui ne ressemble à rien, ni fait ni à faire. Ce "travail" a dû lui prendre quinze minutes, après quoi je suppose qu'il a quitté la salle. S'il est resté trois heures, c'est encore pire: tout ça pour ça! J'aurais été en droit de mettre zéro. Je lui ai mis un. Un! Ça ne m'arrive pas souvent. Je peux tout accepter, sauf ça.

La troisième copie est en apparence intéressante, il en ressort une sorte de motivation, mais c'est une illusion. Quand on lit de près, on constate que l'élève ne répond pas, ou peu, à la question, qu'il la contourne au profit d'un blabla peut-être séduisant, mais qui passe à côté de ce qui est demandé. Résultat: cinq. Quelle journée! Heureusement, la suite n'est pas du même acabit. Mais il n'empêche qu'ouvrir par un contresens, une absence de travail et un hors sujet, accompagnés d'un cinq, un et cinq, ce n'est pas ce qu'on peut attendre et espérer de mieux d'un dimanche.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bientôt vous lirez la mienne, j'aurais encore une excellente note, ça vous mettra de bonne humeur.

(Peut-on dire que je suis vantard puisque je me mets en Anonyme?)

Emmanuel Mousset a dit…

Vantard, prudent, peureux? A réfléchir...