jeudi 5 février 2009

Sortie.

Avec ma classe de Première, en ECJS, nous préparons la Journée mondiale contre le racisme, le 21 mars, que nous célébrerons la veille, puisque le 21, c'est samedi, que le lycée est fermé. Nous avons choisi comme thème de travail l'homophobie, et la méthode, un sondage auprès de la population de notre ville. Nous avons rédigé un questionnaire, que voici:

1- Considérez-vous l'homosexualité comme une maladie?
2- Seriez-vous gêné d'apprendre que votre enfant est homosexuel(le)?
3- Etes-vous choqué par la Gay Pride?
4- Faites-vous une différence entre homosexualité et pédophilie?
5- Avez-vous déjà été témoin d'un propos ou d'un acte homophobe?
6- Est-il normal que l'homophobie soit condamnée par la loi?
7- Faut-il autoriser le mariage entre homosexuel(le)s?
8- Faut-il autoriser l'adoption d'enfants par des couples homosexuel(le)s?

Une sortie avec des élèves, même pendant une heure, même pas très loin de l'établissement, c'est toute une histoire. Ils étaient seulement dix (j'ai la classe en demi-groupe), mais il faut surveiller: les élèves, en dehors de l'enceinte scolaire, se sentent comme libérés de leurs obligations. Je leur ai demandé, d'emblée, de rester groupés dans la zone piétonne du centre ville, là où les passants sont nombreux, là où ils peuvent facilement les interpeller.

En gros, ça s'est bien passé (en plus il faisait beau!). J'ai appris des élèves une nouvelle expression: "avoir des vents" (je suppose que ça s'écrit ainsi), qui signifie "essuyer des refus". La question n° 6 a prêté à contresens: beaucoup d'interviewés ont entendu homosexualité au lieu d'homophobie. Les élèves semblaient enthousiasmés par ce petit travail.

Sauf qu'en faisant le tour du groupe qui inévitablement s'était éparpillé, j'ai constaté quatre disparitions! Mon tour pourtant a été très large, j'ai parcouru le périmètre que j'avais demandé aux élèves de respecter. Rien, personne! Et pendant toute l'heure. A la fin, au moment de partir, les revoilà, deux par deux. Où étaient-ils? Les deux filles me disent qu'elles n'étaient pas loin, tout à côté. Moi, j'ai eu beau regarder, je n'ai rien vu. La preuve par les questionnaires remplis? Pas ça, pas à moi... Elles pouvaient fort bien compléter elles-mêmes le questionnaire.

Les deux garçons, dans la même situation, se sont montrés plus bêtes ou plus effrontés. L'un m'explique qu'ils ont suivi quelqu'un qui marchait pendant qu'ils l'interrogeaient. Du coup, ils se sont retrouvés dans une rue hors de la zone piétonne et y sont restés. Bin voyons! On ne dit pas autre chose quand on veut prendre un prof pour un con. J'ai engueulé copieusement les quatre lascars, qui seront obligés, quand nous nous reverrons dans quinze jours, de me faire un compte-rendu détaillé de leur questionnaire, et ce sera noté. Une sortie scolaire n'est pas une promenade, et je déteste qu'on me prenne pour un imbécile.

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