mardi 3 février 2009

Maître de soi ou pas.

Seulement neuf copies corrigées aujourd'hui, alors que j'avais toute la journée devant moi! Certes je n'ai pas glandé, mais tout de même, à ce rythme de tortue, j'en aurais pour plusieurs semaines à venir à bout de mes paquets. Il faut impérativement que ce soit terminé et rendu la semaine prochaine, au plus tard fin de semaine. Bon, pas de panique, j'ai encore un peu de marge. Mais attention!

"Qu'est-ce qu'être maître de soi?" Passées les banalités, les dissertations recèlent quelques étranges surprises. La maîtrise de soi est un vieil idéal philosophique et moral: contrôle des désirs, exercice de la volonté, organisation de l'existence. On trouve cet objectif chez les Stoïciens et bien d'autres. Son problème? Sa réalisation: est-il vraiment possible de se maîtriser, du moins totalement et durablement? C'est la figure du sage et de son effectivité qui sont alors remises en question.

Mais j'étais loin de me douter que certains élèves iraient jusqu'à dévaloriser l'idéal même d'une maîtrise de soi, en faire quelque chose de moralement contestable, tellement cette figure parait supérieure, parfaite, intouchable. Ce n'est pas son irréalité qui les a interpellés, c'est au contraire sa critiquable réalité. Voici deux extraits de dissertations, et vous allez comprendre:

"Être maître de soi, c'est ne pas avoir confiance en soi réellement. Nous pouvons imaginer que l'individu qui n'a pas confiance en lui est incapable de vivre simplement sans être strict avec lui même. Cela viendrait peut-être du fait qu'il n'est pas assez épanoui pour être sûr de ce qu'il fait. Être maître de soi, c'est donc ne pas accepter être libre, à cause d'un manque de confiance qui viendrait d'un manque d'épanouissement".

"Cette sorte de contrôle de soi a une connotation inhumaine. En effet, l'homme n'est-il pas différent de la machine grâce à l'expression d'émotions? Bien qu'handicapant souvent l'homme, l'expression de sentiments violents (haine, tristesse, joie) sont ceux qui le définissent malgré tout en tant qu'être humain. La maîtrise entière de soi peut être également un mécanisme de protection. En effet, on peut penser que le fait de cacher ses émotions permet de ne pas mettre en avant ses points faibles et ses blessures pour éviter que d'autres ne s'en servent pour nous blesser. Il s'agit dans ce cas d'une peur des autres et d'un manque de confiance en soi que le fait d'être maître de soi peut camoufler".

Voilà ce que peuvent penser et écrire des lycéennes d'aujourd'hui (pour la totalité de leur travail, la première a eu 14 et la seconde 15). Dans notre société contemporaine où il faut être cool, fun, spontané, sincère et sentimental, la maîtrise de soi est une règle éthique qui passe mal. Après tout, pourquoi pas?

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Etre maître de soi,c'est avoir une maïtrise sur soi-même? par maîtrise on entend contrôle. Les mots changent, les idées restent...
J'avais cru comprendre que l'interprétation en contrôle de soi, ne vous satisfaisait guère?

Emmanuel Mousset a dit…

Maîtrise ou contrôle de soi, c'est pareil. Ce qui est différent et que j'ai souligné en cours, c'est la confusion entre maîtrise de soi et connaissance de soi. On peut se maîtriser sans nécessairement se connaître, on peut se connaître sans nécessairement se maîtriser.

Anonyme a dit…

"Que signifie l'expression être maître de soi" est mon sujet pour une dissertation, ceci dit j'ai un manque d'inspiration,je n'ai jamais fais de dissertation et je ne trouve pas ma problématique, pourriez vous m'aidez afin de m'éclairer sur le sujet ? merci d'avance.

Anonyme a dit…

La problématique, c'est que la "maîtrise" vise ce qui nous échappe et que l'on cherche, pour cette raison, à contrôler ou à soumettre. Mais "soi" est évidemment intérieur à moi, ce n'est pas un objet extérieur qu'il me faudrait "maîtriser". Pour le dire autrement, on ne voit pas en quoi il faudrait être maître de soi, puisqu'on l'est déjà, naturellement.

Les réponses à ce problème vont dépendre de la définition que l'on donnera du soi (le corps, les désirs, la pensée, l'imagination, la volonté etc.).

Emmanuel Mousset