samedi 21 février 2009

Tout sur le bac blanc.

Les élèves partent inquiets en vacances, avec cette question en tête: quels seront au retour les résultats de leur bac blanc? En philo, ils se demandent si leur correcteur (puisqu'avec mon collègue nous échangeons les copies de nos trois classes pour respecter l'anonymat du bac) aura les mêmes exigences que moi. Je les ai rassurés avant le départ, ou plutôt j'ai rétabli une vérité: au bac blanc comme au bac, les profs ne notent pas comme dans l'année, comme si c'était leurs élèves. Mais pourquoi? Parce que ce n'est pas l'année courante et que ce ne sont pas nos élèves.

Avec mes classes, mon évaluation a une visée pédagogique: encourager les efforts, sanctionner les faiblesses. Au bac, plus question de ça: il faut juger un travail définitif dont l'enjeu est l'acquisition du diplôme. Je note un produit fini, je n'évalue pas une progression ou une régression. C'est très différent, ça n'a rien à voir. Dans l'année, une note est une indication, un point de départ; au bac, c'est un jugement, un point d'arrivée.

Et puis, au bac, blanc ou pas, je donne essentiellement une justification de la note, je fais très peu de remarques en marge de la copie, puisque jamais le candidat, au bac, ne les lira. Au bac blanc, c'est un peu différent, mais j'en reste là aussi à un jugement global. Car une dissertation de philosophie ne peut être évaluée que dans sa globalité, comme un tout. A quoi s'ajoute que chaque prof a ses méthodes, ses conseils. Les élèves, là encore, s'en inquiètent, à tort. Je ne vais pas juger de la forme (elle peut être différente d'un prof à l'autre), je vais évaluer le contenu, qui doit répondre à des finalités communes à tous les profs de philo. Lesquelles?

D'abord, j'attends de la copie un effort de réflexion. Ça ne fait pas tout. La bonne volonté ne garantit pas la pertinence des idées. Mais c'est un minimum requis. J'attends aussi, en matière de minimum, que l'élève prouve qu'il a su employer complètement les quatre heures d'épreuve qui lui sont attribuées. Si je constate qu'il ne l'a pas fait, je n'hésite pas à sacquer. Deux pauvres pages qui se présentent à moi, c'est la schlague garantie!

Ensuite, je valorise ce que vous connaissez bien si vous êtes lecteur régulier de ce blog: le nombre d'idées, leur diversité, leur argumentation, leur originalité. Y a-t-il ou non de la réflexion? C'est, pour résumer, la question essentielle que je me pose en lisant chaque dissertation ou commentaire de texte. C'est donc très simple, les élèves n'ont pas à s'inquiéter.

J'inscris les notes au crayon de bois. Mon collègue reste maître de les accepter telles quelles, ou bien de les modifier, pour des raisons qui lui appartiennent. Pourquoi cette précaution? Parce que le bac blanc n'est pas le vrai bac, parce que ses élèves ne sont pas les miens, parce qu'un professeur reste souverain dans sa classe, parce qu'il peut avoir ses raisons que ma raison ne comprend pas. Demain, je vous parlerai de mon premier paquet corrigé: les TSVP.

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