lundi 9 février 2009

La pluie et puis...

Pour corriger mes copies, je m'installe en bas, dans le salon, ou bien en haut, dans la mansarde. C'est selon le temps. Quand il fait clair, que la lumière entre, c'est le salon. Quand il fait gris, je suis comme un poisson qui remonte à la surface, en recherche d'oxygène. Sauf que c'est de lumière dont j'ai besoin. Il faut que les belles feuilles blanches soient éclatantes. Ça aide à corriger.

Quand il fait sombre, c'est généralement qu'il pleut. Dans ma mansarde, la table est sous un vasistas. J'entends les gouttes qui tombent sur le verre, pas très loin de ma tête. C'est bien aussi pour corriger. Les crépitements de l'eau donnent du rythme à mon travail, renforcent ma concentration. Là-haut, aucun bruit de la rue ne vient me distraire. La pluie qui frappe est un petit tambour qui me dit: vas-y, continue, n'arrête pas, dépêche-toi.

C'est le cinquième travail de l'année donné par mes élèves. Les premiers, les feuilles sont, malgré les noms et prénoms, anonymes, je ne connais personne, pas assez, pas encore. Je corrige vraiment un écrit, je ne juge pas une personne (comme au bac). Mais arrivés en février, nous avons dépassé la moitié de l'année scolaire (déjà!), et devant une copie, ce ne sont pas seulement des mots et des phrases que je lis, c'est un visage et un comportement que je vois.

On a beau vouloir et devoir être impartial, ne juger que le produit fini, son auteur nous vient à l'esprit, et perturbe quelque peu l'objectivité souhaitable. A un élève peu attentif en classe, nous serons moins enclin à l'indulgence. A un élève particulièrement sérieux mais dont les résultats sont cependant insuffisants, nous serons naturellement portés à la mansuétude.

Une réaction bien légitime conduira à sanctionner l'un et à encourager l'autre. Ce serait vraiment injuste si je n'avais prévenu les élèves: une évaluation, c'est un tout; l'essentiel est dans ce que vous faites, mais je ne suis pas indifférent à ce que vous êtes. A bon entendeur salut!

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