mercredi 25 février 2009

Les pépites et les pépins.

Je me souviens d'une expression utilisée par un de mes collègues, lors d'une réunion de profs de philo en vue de la correction du bac. Il nous expliquait que lorsqu'il lisait une copie d'élève, il cherchait des "pépites", et qu'il notait en fonction de ses découvertes. Ce mot m'avait beaucoup plu: "pépite", ça fait chercheur d'or dans l'Ouest américain, en train de tamiser du sable pour repérer le précieux butin.

Pourtant, l'image est contestable. J'ai déjà dit qu'une dissertation est un tout, qu'il faut évaluer comme tel, et non pas certaines de ces parties (les fameuses "pépites"). Car un mot peut en chasser un autre: dans une dissert de philo, on trouve aussi beaucoup de "pépins" et peu de "pépites". Quoi qu'il en soit, une évaluation globale du travail est un idéal pas toujours accessible. Une dissertation ou un commentaire de texte sont rarement bons dans leur ensemble. Et là, on est bien obligé de juger les parties.

D'ailleurs, la métaphore de la "pépite" le dit implicitement: où trouve-t-on ces perles d'or sinon dans la boue? Mais le travail de réflexion philosophique, c'est aussi une forme de boue, quand l'esprit cogite, rumine. Il faut charrier beaucoup de boue pour arriver à faire surgir quelques pépites. J'ai également à l'esprit cette formule bouddhiste: "La fleur de lotus pousse dans la boue des marécages".

J'ai remué tout ça dans ma tête, quand j'ai corrigé cet après-midi sept nouvelles copies du bac blanc des TES1. Voilà les résultats: 10, 11, 10, 08, 07, 12, 10. C'est un peu mieux que les sept premières. C'est sans doute le hasard des copies qui me viennent. Mais c'est aussi parce que je me suis dit, devant des résultats assez médiocres, qu'il fallait à tout prix que je recherche, dans les copies, des "pépites" à valoriser et des "pépins" à mettre de côté. Parce que l'intervention de ce collègue, il y a quelques années, m'est revenue aujourd'hui à l'esprit.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

oui mais vos "pépites" on en trouve pas tous les 4 matins, faut-il mettre de 6à9 aux 3/4 des copies...? Le chercheur d'or il suffit de grammes pour le satisfaire, y aura jamais la pépite d'un kg qui se ramène sur le dos... Alors n'attendez pas la pépite aussi facilement, qu'un client attend une baguette à la boulangerie...

Emmanuel Mousset a dit…

Non, il n'est pas bon de concentrer les notes entre 6 et 9, je l'ai déjà dit.

Quant aux pépites, elles peuvent être grosses ou petites, ça aussi, je l'ai dit.

Le problème est ailleurs, et plus fondamental: comment corrige-t-on une copie de philo? Deux solutions:

1- La juger globalement (l'or et la boue).

2- La juger partiellement (mettre de côté la boue et valoriser l'or).

Ma réponse: quand on a affaire à un "bon" paquet, il faut adopter la première solution. Quand le niveau d'ensemble est médiocre, il faut adopter la seconde solution.

Pour mes corrections de bac blanc, mon premier paquet était d'un niveau plutôt bon, mon deuxième d'un niveau plutôt médiocre.

Comme quoi aucune méthode de correction n'est idéale (de même, aucune pédagogie n'est parfaite): tout dépend les copies et les élèves qu'on a devant soi.