Devant l'Université du Temps Libre de Cambrai, j'ai fait cet après-midi une conférence inédite sur le cynisme philosophique (voir le plan ci-dessus). Je choisis des thèmes qui bien sûr m'intéressent, ainsi que mes étudiants, que je me sens capable de traiter et qui m'obligent à travailler des sujets que je ne connais pas précisément. Ainsi le cynisme. Diogène, son tonneau, ses provocations et ses idées, je savais, mais insuffisamment. Enseigner, c'est autant transmettre aux autres qu'apprendre pour soi.
Le cynisme est un courant de pensée ignoré, déformé et malmené, qui mérite une réhabilitation. Il est bien peu cynique, au sens moderne du terme, mais au contraire si sincère qu'il renverse les conventions sociales et morales. Je repère sa postérité dans l'anarchisme, un certain ascétisme chrétien, chez Rousseau et Nietzsche aussi. Cette contribution à la pensée universelle est en tout cas précieuse. Nous avons tant besoin d'être remués !
De Diogène, le plus connu de tous les Cyniques, je retiens l'art de l'insulte élevé au rang philosophique. Mendiant, il n'implorait pas les passants, il les agressait verbalement pour les confronter à leur vérité. N'y a-t-il pas que la vérité qui blesse ? Le mensonge, lui, caresse. C'est à cette docilité qu'on le reconnaît. A mon tour, il me prend l'envie de pratiquer l'insulte, à quoi je cède parfois, pour réveiller les consciences, déclencher le débat.
Notre époque pourtant ne s'y prête pas. Elle ne tolère que l'échange bourgeois, soyeux, consensuel. Mais dans la ouate, on ne réfléchit pas, on sommeille et on rêve. Les Cyniques savaient qu'on ne pensait qu'à la dure, tel Diogène sur le bois de son tonneau. Philosopher, c'est aboyer et mordre. Cynique, étymologiquement, c'est le chien, kunos en grec ancien. Le vrai philosophe mène une vie de chien.
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