vendredi 19 mars 2010

Gunter le retour.


C'est la troisième fois que Gunter Gorhan venait me rendre visite dans l'Aisne. Nous procédons ensemble à un gentlemen's agreement : il anime le café philo de Saint-Quentin, j'anime celui des Phares, à Paris, dont il est l'un des fondateurs. Hier soir c'était son tour, à Saint-Quentin. Quand on a créé le premier café philo au monde et qu'on bourlingue en France et même au-delà pour des animations philosophiques en tout genre, on dispose d'une intéressante expérience à transmettre. J'avais donc invité la presse à rencontrer Gunter, dans les salons de l'hôtel Ibis. Mais aucun journaliste ne s'est présenté.

En revanche, c'était le public fourni des grands jours à l'intérieur du Manoir. Une fois passée la traditionnelle séquence des problèmes de micro, Gunter s'est lancé, à la parisienne (et moi, aux Phares, je la joue à la saint-quentinoise), c'est-à-dire qu'il a demandé à l'assistance de lui proposer des sujets, tandis que je notais. Onze ont été énoncés, le dernier a été retenu : Sommes-nous condamnés à désirer ?

J'ai toujours un peu d'inquiétude quand Gunter est parmi nous, je crains que les interventions ne soient pas à la hauteur ou insuffisamment nombreuses, par comparaison avec ce qui se dit et se fait à Paris. Sans doute le vieux complexe de la province à l'égard de la capitale ... Il y va presque de mon honneur ! C'est qu'il faut lui donner l'envie de revenir, à cet homme-là ... Je suis finalement assez content, je crois que ça s'est bien passé. Bien sûr, il y a les inévitables détails qui clochent : des élèves insuffisamment attentifs, des clients un peu trop bruyants. Mais en gros ça allait.

Nous retrouverons Gunter le 28 mars aux Phares, lors de la sortie scolaire "Sur les traces de Jean-Paul Sartre". Puis j'animerai au même endroit le 25 avril.


En vignette, Gunter relit, avec mon aide, les sujets proposés, que voici :

1- Etre heureux, est-ce être libre ?
2- L'obéissance.
3- Le rebelle est-il un héros ou un emmerdeur ?
4- Comment la philosophie pourrait-elle contribuer à l'épanouissement et au bonheur des citoyens ?
5- Où est le réel ?
6- Est-il nécessaire de s'aimer pour vivre ?
7- La philosophie n'est-elle qu'un plaisir intellectuel ?
8- L'estime de soi.
9- Est-ce que philosopher, c'est agir ?
10- L'homme peut-il avoir pour but d'être une machine parfaite ?
11- Sommes-nous condamnés à désirer ?

2 commentaires:

Raphaël a dit…

Trés bon Café-Philo malgré trois propositions aucun fut retenu.
Le désir sujet trés complexe auquel j'ai trouvé des solutions durant la soirée gràce à deux interventions.
Malgré tout le désir n'est pas encore en ma totale connaissance à mon âge donc il me reste plus qu'à désirer connaître les désirs.
Le 28 sera une journée magnifique comme à chaque fois.
Merci pour ce déplacement dans la capitale au café philo des Phares

Anonyme a dit…

"C'est à chaque fois un très grand plaisir de venir animer le Manoir dont le seul inconvénient est la disposition en L qui divise la salle, et donc aussi les participants...

Le seul moment que je crains lors d'un échange philo (à St. Quentin ou ailleurs) est celui du choix du sujet. Pourquoi choisir tel sujet plutôt qu'un autre ? Jeudi dernier, j'ai simplement cédé à un mouvement de (petite) foule en face de moi qui faisait du lobbying en faveur du sujet "Sommes-nous condamnés à désirer?" En y réfléchissant, je me suis peut-être laissé faire aussi à cause de la formulation paradoxale, comme celle de Sartre à laquelle on pense immédiatement : "Nous sommes condamnés à être libres".

Comment peut-on être condamnés à quelque chose d'éminemment désirable, la liberté ou le désir ?

Ce sont, en effet les paradoxes (ceux qui heurtent la doxa, l'opinion) qui nous font en général réfléchir...

Par ailleurs, je continue à ruminer à propos de la condamnation à désirer, ce qui est bon signe : l'échange a été, pour moi, fécond.

Un bon café philo se mesure, en effet, au temps pendant lequel on y pense après.

Nous attendons avec impatience Emmanuel Mousset avec ses élèves aux Phares et puis son animation quelques semaines plus tard. Un partenariat philosophique prometteur entre St. Ouen et Paris est né..."

Gunter Gorhan