mardi 13 octobre 2009

Une rencontre américaine.

Dans mon lycée, nous sommes trois profs de philo. Moi qui suis là depuis quinze ans, Jérôme qui travaille en classes préparatoires depuis deux ans et Olivier en Terminale depuis la rentrée. Jérôme, jusqu'à ce matin, je ne le connaissais pas. On se croisait de loin, sans avoir (ou prendre ?) le temps de parler. Il faut dire que les salles des prépas sont séparées du lycée par deux cours de récréation. Ce sont presque des mondes qui peuvent parfaitement (mais est-ce parfait ?) coexister sans se rencontrer ?

Et puis, Jérôme est ce que j'étais dans mes premières années d'enseignement : un "turbo-prof" comme on les appelle, habitant à Paris et venant travailler à Saint-Quentin, toujours entre deux trains. En ce qui me concerne, pendant cinq ans, cette vie m'a semblé normale. Jusqu'à ce que les circonstances de l'existence m'invite à déposer ma besace. Je ne le regrette pas.

Ce sont aussi les circonstances qui m'ont conduit à retrouver ce matin Jérôme dans la salle des profs. Première impression, bonne impression : il a l'air très sympa (le collègue casse-couilles, c'est ce que tout le monde, partout, redoute !). Son projet, auquel il me convie et qui a fourni l'occasion de cette rencontre, c'est de faire venir à Henri-Martin une philosophe américaine que je ne connais d'ailleurs pas : Avital Ronell. Elle a écrit, entre autres, "Stupidity" et "Telephon Book". A la suite de Derrida, elle s'inscrit dans le courant de la déconstruction.

Mon collègue a prévu une séance de travail entre ses élèves et elle, à base de petits exposés et d'échanges, début janvier. Mes élèves de Terminale sont invités à se joindre à cette manifestation. Je leur en ai déjà parlé un peu, ils ont dit oui (qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour sécher les autres cours !). Mais justement, je ne veux pas de ça : il faudra les astreindre à un petit travail pour organiser cette rencontre. Pas question d'y aller et de glander. C'est un honneur qui leur est fait, discuter avec une philosophe contemporaine venue de l'université de New-York. Il faut que mes élèves soient à la hauteur de l'événement !

2 commentaires:

Arthur Nouaillat a dit…

Le pire ce sont les "turbo-profs" sexagénaires en fin de carrière qui ne sont jamais impliqué dans leurs lycées..

Arthur Nouaillat a dit…

qui ne ce sont*

pardon j'avais oublié un mot.