lundi 26 octobre 2009

Mauvaise vie, bonne séance.




Gunter Gorhan m'a fait hier l'honneur de m'inviter à animer le café philo des Phares, place de la Bastille à Paris (première vignette). Les Phares, ce n'est pas rien, une vraie institution, le premier café philo créé au monde, 80 personnes à gérer, des interventions fort pertinentes, très construites, qui exigent de l'animateur une grande capacité d'attention, de mémoire et de répartie. La première fois, au printemps, j'avais été insatisfait de ma prestation, je m'en étais entretenu avec Gunter, dont la sollicitude à mon égard est grande. Conclusion mutuelle : il faut que j'anime librement, à ma façon, sans chercher à copier ce qui se fait déjà.

Gunter et ses amis ont une conduite du café philo plus structurée, plus directive, plus référencée que la mienne, plus interrogative, plus libre, plus animée. Il n'y a pas une complète contradiction entre les deux mais des différences qui ne sont pas si grandes que ça, et plutôt bienvenues : pourquoi n'y aurait-il qu'une manière de diriger un café philo ? Gunter s'est donc gentiment installé à une table, me laissant la responsabilité de manoeuvrer. Ça n'a pas été facile, parce qu'il y a du monde, parce que deux heures c'est long et je n'ai pas l'habitude, parce que le débat est dense. Mais tout s'est je crois très bien passé, à entendre les commentaires d'une partie du public après la séance.

En tout cas, j'ai eu beaucoup de plaisir à faire cette animation, je me suis "éclaté" comme disent nos jeunes. La première épreuve, c'est de recueillir les sujets proposés par l'assistance : une vingtaine ! Et d'en choisir un à traiter. J'ai pris le parti de la facilité : le tout premier, qui avait le mérite d'évoquer l'actualité et donc de stimuler plus facilement le débat : C'est quoi une mauvaise vie ? La deuxième épreuve aux Phares, c'est de conclure. Là j'ai foiré, m'y prenant trop tard et empêchant ainsi plusieurs interventions. D'autant qu'un incident a semé à la fin de la confusion : un client irascible et quelque peu maboul s'en est pris pour je ne sais quelle raison aux serveurs, menaçant de leur propulser une soucoupe en pleine tête !

Malgré ma liberté de ton, je me suis tout de même contrôlé, pour ne pas risquer à nouveau un petit incident qui, quoique mineur, avait altéré ma première prestation. J'avoue même m'être censuré à un moment. Quelqu'un, en contrepoint à la "mauvaise vie", a suggéré de s'interroger sur la "belle vie". Et là m'est venu en tête le refrain d'une chanson de Sacha Distel, que je cite de mémoire : "Ah la belle vie, sans amour, sans problème, sans souci", que j'ai failli entonner très spontanément. Mais je me suis repris : nous sommes tout de même au Café des Phares ! Ce n'est certes pas la messe, même philosophique, mais je dois me tenir ...

Quoi qu'il en soit, je souhaite de tout coeur que Gunter me réinvite, au printemps m'a-t-il dit. Et que lui vienne comme prévu, bien sûr, à Saint-Quentin, ce à quoi il s'est engagé. En attendant, je suis allé faire un tour au cimetière Montparnasse (deuxième vignette) pour préparer la traditionnelle visite de mars avec les lycéens. Pourquoi cette infidélité au Père-Lachaise ? Tout simplement parce qu'en 2010 nous fêtons les 30 ans de la disparition de Jean-Paul Sartre, qui est enterré à Montparnasse (j'ai assisté à ses obsèques !). Je suis allé faire un rapide repérage pour cette visite annuelle, qui englobera aussi le quartier et Saint-Germain des Prés, les endroits fréquentés par le pape de l'existentialisme. Mais je vous en reparlerai.

9 commentaires:

Arthur Nouaillat a dit…

Je ne comprends pas pourquoi c'est marqué "Lundi 26 Octobre" ?

Arthur Nouaillat a dit…

Pardonnez-moi du dernier commentaire, je me suis trompé étant donné que j'ai pour habitude de voir vos billets jours par jours, celui d'hier je ne l'ai vu que ce matin donc je croyais que c'était celui d'aujourd'hui..

Arthur Nouaillat a dit…

Gunter tient son café philo chaque Dimanche ou un seul jours dans le mois comme vous ?

Emmanuel Mousset a dit…

Chaque dimanche, de 11h00 à 13h00, mais ce n'est pas toujours Gunter qui anime (4 animateurs se relaient). Il y a aussi un site internet.

Anonyme a dit…

Alors, qu'est-ce qu'une mauvaise vie?

Gunter a dit…

Emmanuel a donné avant-hier une leçon à tous les animateurs du café des Phares (y compris à moi-même, bien sûr) : il a davantage écouté que parlé!
La réaction du public ne s'est pas fait attendre : des applaudissements plus nourris que d'habitude et le souhait exprimé par beaucoup après la séance qu'Emmanuel revienne animer le plus vite possible…

Anonyme a dit…

Après ce témoignage de Gunter, il ne reste qu'une chose à dire :
FÉLICITATIONS M. MOUSSET!

Emmanuel Mousset a dit…

Qu'est-ce qu'une mauvaise vie ? Gunter fera le compte rendu des échanges sur le site internet du café philo des Phares.

En attendant, quelques souvenirs des interventions :

Au XIXème siècle, une "femme de mauvaise vie" est celle qui a une vie très libre, sentimentale et sexuelle. La mauvaise vie, ce serait donc la liberté !

A la même époque, les artistes sont considérés comme des gens "de mauvaise vie", bohème, provocateur, licencieux ... et sans le sou. La "mauvaise vie" inspire le génie !

La "mauvaise vie" (c'est le cas chez Frédéric Mitterrand) qualifie souvent une vie de débauche et de perversion. Le critère moral est alors essentiel, et c'est généralement la dimension sexuelle de l'existence qui est visée.

Chacun d'entre nous a peut-être enfoui en lui une "mauvaise vie" qu'il cache ou refoule ? A moins que la "mauvaise vie" des autres ne nous fascine, incapables que nous sommes de la vivre ?

La "mauvaise vie", ce serait, autre approche, le contraire de la vie, la négation de la vie, les tendances morbides qui sont en nous.

Anonyme a dit…

Encore le fameux "combat" entre le bien et le mal dont notre chère morale est l'instigatrice, et dont beaucoup ont encore du mal à se défaire, alors qu'il ne faut pas systématiquement raisonner en ces termes, à mon humble avis.