vendredi 16 octobre 2009

Un élève qui pleure.


Je ne connais rien de plus gênant et impressionnant que d'être devant quelqu'un qui pleure. Peut-être parce que je ne pleure jamais. Quand on est enseignant, je crois que c'est pire. Un élève qui pleure me déstabilise, même si je n'en laisse rien paraître. Parce que pleurer, c'est toujours exprimer une souffrance. Et que faire devant elle ? On se sent impuissant, démuni.
Ai-je vu souvent des élèves pleurer ? Franchement non. Mais ce matin oui. Un garçon en plus ! On imagine à tort que ce sont plutôt les filles qui pleurent. Oh ce n'était pas très spectaculaire ! Des yeux qui se sont rougis, des mains qui les ont frottés, un corps qui s'est un peu agité. Pas grand-chose, des petits pleurs silencieux, vite ravalés, mais que j'ai repérés. Un prof voit tout, même ça.

Je suis la cause de ce léger incident. Nous étudions en ce moment une nouvelle notion, la vérité. Après le texte de Bergson, un peu indigeste, j'ai proposé à mes élèves un thème plus stimulant : Avons-nous des raisons de mentir ? Eh oui, l'envers de la vérité, c'est le mensonge, dont il faut aussi parler. C'est là où j'ai introduit une idée très classique : mentir pour une raison morale, pour empêcher l'autre de souffrir, assorti d'un exemple assez connu, mentir à quelqu'un sur son cancer pour ne pas le peiner.

Un élève s'est reconnu dans cette situation. C'est lui qui a pleuré. Sur le coup, je n'ai rien dit. Inutile de rajouter de la peine à la peine. Mais à la fin du cours, je suis allé vers lui, nous avons discuté et nous nous sommes compris : mieux vaut évacuer certains sentiments qu'on porte en soi, au lieu de les refouler. Ah si je savais pleurer !

Sinon, en début d'année, j'ai vu aussi des élèves pleurer. C'était à l'annonce, par le proviseur-adjoint, d'un décès parmi les élèves d'Henri-Martin, une fille disparue la veille de la rentrée dans un accident de voiture (évoqué dans l'un de mes billets début septembre). J'ai vu également des élèves pleurer après la remise d'une copie particulièrement mauvaise sanctionnée par une très mauvaise note. Des pleurs bien dérisoires mais néanmoins réels.

En vignette, le cours sur le mensonge, que j'ai préparé en quinze minutes, aussitôt sorti du lit (c'est le meilleur moment de la journée pour préparer un cours). Avec ça, je peux tenir au moins deux heures.

5 commentaires:

tourtinet a dit…

j'étais d'accord dés le début.

il ne faut jamais refouler ses pleurs (je les refoule jamais)

et à mon avis , ça ne sera pas la seule fois ou ça va m'arriver , je fais partie des éléves hyper-sensible . j'y peux rien , mais je pleure TRES facilement

Anonyme a dit…

moi je cache ma souffrance et les profs croient que je ne veux pas travailer!!mais comment faire pour leur en parler?

Emmanuel Mousset a dit…

Il suffit d'aller les voir ou de discuter avec votre prof principal.

Anonyme a dit…

peut-etre mais comment??c'est dur aussi dallé le voir...:(

Mikette a dit…

J'ai pleurer hier devant mon professeur de technologie . Première fois depuis le CE2 .