mercredi 28 juillet 2010

A mes futurs élèves.


Manon a envoyé hier un commentaire auquel je veux répondre aujourd'hui en m'adressant surtout à mes futurs élèves (TL2, TES2, TS 1 et 2). Il est normal qu'ils sachent dès maintenant ce qui les attend. Mieux vaut qu'ils s'y préparent. Manon me demande quels livres de philosophie peuvent être consultés. Je joins, en vignette, la liste distribuée à mes élèves l'an dernier. J'insiste tout particulièrement sur Platon (on peut aussi lire son Banquet) qui est une bonne introduction à la philo. A quoi il faut ajouter Le malaise dans la civilisation, de Freud, chapitre VIII (voir billet du 25 juillet).

Mais je tiens à préciser que la philosophie en Terminale n'est pas un exercice de restitution de connaissances. Nous apprendrons à faire des dissertations et des commentaires, c'est-à-dire à réfléchir par nous-mêmes et pas répéter ce que pensent les autres, aussi éminents soient-ils. Je donnerai dès le début des méthodes, techniques et conseils que nous appliquerons jusqu'à la fin à travers des exercices. Il faudra noter et bosser, si possible avoir de bons résultats, mais de toute façon travailler. Malheur au rigolo qui regardera les mouches voler, même avec un air philosophiquement inspiré (chaque année il y en a, à écraser plus vite que les mouches).

Manon, dans son commentaire, dresse un bref portrait de moi assez juste. Il faut en effet que mes Littéraires, qui vont passer huit mois, huit heures par semaine en ma présence, me connaissent. Un cours c'est un prof, une personnalité, à laquelle il faut se faire puisque l'élève n'a pas le choix. Autant comprendre dès le départ son fonctionnement psychologique pour ne pas être désagréablement surpris. Les meilleurs connaisseurs, ce sont évidemment mes anciens élèves. La lecture de ce blog, qui relate au jour le jour mes activités professionnelles, peut aussi aider à me cerner.

Autant être direct : je ne suis pas un marrant. Depuis des années, à Henri-Martin, parmi les profs de philo, comme dans les westerns de Sergio Leone, il y a le bon et le méchant, le gentil et le vilain. Vous avez compris : le méchant c'est moi. J'assume et je cultive cette réputation. Pourquoi ? Parce que je ne viens pas au lycée pour être sympa mais pour faire travailler des élèves qui n'en ont pas nécessairement envie et qui se foutent pour la plupart de la philosophie.

Ça veut dire quoi ? Que l'enseignement est un combat, que je suis devant une classe en situation d'affrontement, certes pacifique, pour le bien et l'intérêt des élèves. Je ne m'en désole pas, la vie est ainsi. J'y prends même un certain plaisir. Je n'ai aucun mal : dans ce face à face, celui qui a le pouvoir est le gagnant. Ma seule préoccupation, ce n'est pas de leur faire apprécier ma personne ou la philosophie mais qu'ils obtiennent le bac à la meilleure place.

Concrètement, je suis pinailleur, chiant, je n'hésite pas à provoquer le conflit, parfois violemment (ça reste bien sûr verbal !). Je pratique la pédagogie de la rupture, de la déstabilisation. Je ne cherche pas à rassurer mais à inquiéter. Je crois que c'est ainsi que les élèves progressent. Il faut mettre une classe en mouvement, être sans cesse sur la brèche, interdire les temps morts. Je donne quelques petites consignes simples à suivre pour la rédaction de la dissertation. En jargon de gardiennage (que j'ai exercé dans une autre vie pendant sept ans), on appelle ça des "mouchards", qui permettent de vérifier si le travail a été effectué. Celui qui néglige de "pointer" est dans le viseur pour le reste de l'année.

A part ça, l'élève qui a compris mon idiosyncrasie (que je viens de résumer) et s'y adapte passera une très bonne année scolaire avec moi. Peut-être même regrettera-t-il de me quitter à la fin. C'est en tout cas ce que je souhaite à mes futurs élèves en 2010-2011.

2 commentaires:

Arthur Nouaillat a dit…

Au XXe, on peut aussi lire des œuvres plus légères, certes plus littéraires que philosophiques mais qui traitent de l'existentialisme comme certaines pièces de théâtre de l'absurde de Beckett.

Emmanuel Mousset a dit…

De nombreux romans ont en effet un fond philosophique qui peut aider à la réflexion et permet de faire de belles références dans une dissert de philo. Je pense aux "Misérables" de Victor Hugo ou bien à "Vendredi ou les limbes du Pacifique" de Michel Tournier. Entre autres bien sûr. Le cinéma peut aussi être évoqué. En ce moment, je me passe chaque soir, en dvd, un chef d'oeuvre du 7ème art. Un film peut provoquer une réflexion.