mardi 20 juillet 2010

Le départ d'une amie.



De tous les départs en retraite de cette année scolaire, celui qui m'a le plus touché concerne Michèle Givron, "mademoiselle Givron", comme nous avons pris l'habitude de l'appeler. Je ne me souviens plus de la première fois où je l'ai rencontrée, mais c'était tout au début de mon activité à Henri-Martin, en 1 994. Je sais que la sympathie que j'ai eue immédiatement pour elle s'est poursuivie jusqu'à aujourd'hui. Ce n'est pas si fréquent, ce genre de fidélité, dans un établissement scolaire.

Mais pourquoi elle ? C'est le mystère des affinités humaines. Je suis prof de philo, présent dans ma classe ou la salle des profs, elle est documentaliste, donc au CDI. Nous n'étions pas vraiment fait pour nous rencontrer et nous apprécier. Un lycée n'échappe pas à la triste loi humaine : chacun chez soi, dans son groupe, au sein de sa catégorie. C'est sans doute parce que je ne suis pas comme ça, que je vais voir ailleurs ce qui se passe que je me suis lié à Michèle.

Et puis, il y a le CDI, un lieu que j'aime fréquenter en solitaire, qui me délasse des élèves ... et des collègues. Etre dans les livres, faire de nouvelles découvertes, c'est aussi mon bonheur. Mais cette disposition personnelle n'expliquerait encore rien s'il n'y avait le caractère de Michèle : douce, discrète, serviable, disponible, curieuse, consciencieuse, ce n'est pas si fréquent, quelqu'un qui concentre toutes ces qualités, pas toujours perçues à leur juste mesure par les autres.

C'est ça aussi qui a fait me rapprocher de Michèle. C'est l'une des rares personnes avec laquelle il est impossible de se disputer, même en y mettant du sien ! On sait pertinemment qu'avec elle on ne rencontrera pas de problèmes. Pendant ces quinze années que j'ai passées à Henri-Martin, sa présence m'aura été reposante, dans un environnement qui pousse plutôt au stress.

Je sais que je la reverrai, puisqu'elle s'est proposée pour continuer d'accompagner les élèves internes au Ciné Philo. Imaginez un peu ! Qui d'autre ferait ça ? Il n'y a que mademoiselle Givron, me semble-t-il. Je n'aime pas abuser des mots, mais je crois que c'est une amie qui est partie. Je me permets en tout cas de la qualifier ainsi. Car à la rentrée, quand je ne la verrai pas à son bureau, ça me fera sans doute tout drôle et ce ne sera pas très agréable.



Vignette 1 : Michèle au poste de combat.

Vignette 2 : Michèle devant les livres personnels que monsieur Sobczyk, proviseur-adjoint, a légué au CDI, après sa mutation.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Vous avez entièrement raison,
elle aura été un havre de paix dans tout ce bruit et toute cette fureur.