200 ! Chiffre rond, magique ! C'est celui atteint hier par ce qui n'était pas un Ciné Philo ordinaire mais qui y ressemblait beaucoup, si ce n'était notre invité, exceptionnel : Benoît Delépine, venu débattre de son film Mammuth, après projection. Qu'est-ce qui fait aujourd'hui sortir les gens de devant leur télévision ? La télévision ! Eh oui, c'est une star du petit écran qui fait venir le public au cinéma. Le succès local passe par la notoriété nationale. Hier soir, j'ai vu des visages que je ne voyais jamais avant dans ce genre d'activités.
Delépine est sympa, ouvert, modeste. Il nous parle de Depardieu et on a l'impression qu'il nous parle aussi de lui. Chacun dans son registre et à son niveau, ce sont des vedettes reconnus qui n'ont donc plus besoin de reconnaissance, des hommes libres qui ne demandent qu'à être jugés sur ce qu'ils font et qui se moquent de ce qu'ils sont. C'est pourquoi la relation passe bien, est facile, beaucoup plus qu'avec beaucoup d'inconnus ordinaires mus par la vanité, sollicitant le regard d'autrui et devenant bien souvent insupportables de suffisance. Les ego les plus terribles sont ceux des petits, pas des grands qui n'ont plus rien à prouver.
L'animation s'est correctement déroulée. Mais est-elle nécessaire quand on a un tel invité ? Oui quand même un peu. C'est délicat. Mon objectif est de faire parler la salle, d'organiser un échange avec Delépine. Or la parole n'est pas facile devant un auditoire si nombreux. Et puis, la plupart des gens sont là pour écouter l'invité, pas vraiment pour s'exprimer (sauf à la fin, quand une petite foule se presse autour de lui pour l'entretenir plus intimement). Bref j'ai trouvé que les réactions du public étaient moins nombreuses que je ne l'aurais souhaité. Je me demande s'il n'aurait pas mieux valu une animation sous forme d'interview, la salle nous interpellant éventuellement. Mais l'idée ne pouvait pas être improvisée.
Delépine est intéressé par le Café Philo et il se pourrait bien qu'un Ciné Philo soit organisé dans le cadre du festival Groland, si celui-ci est hébergé à Saint-Quentin. Quelques mots sur le film pour finir : ce n'est pas une comédie, ce n'est pas un film politique ou social, c'est une tragédie, celle d'un homme qui se démène avec la vie, au gré de rencontres dont la plupart sont cruelles, et qui trouve un peu d'humanité dans l'amour et la liberté. A un moment du débat, Delépine a rapproché le parcours de son personnage de L'Odyssée d'Homère ; c'est tout à fait ça.
Vignette : à mes côtés, de gauche à droite, Raymond Défossé, co-fondateur du festival grolandais, Michelle Zann, directrice du multiplexe et Benoît Delépine.
2 commentaires:
Réel amateur de l'esprit Grolandais? Cela n'est pas trop vulgaire pour vous?
Réel amateur non, parce que je ne connais pas très bien. Mais quand il m'arrive de regarder, j'apprécie, ça me fait rire. Vulgaire non, je ne trouve pas ça vulgaire. La vraie vulgarité est celle des gens distingués, pas des comiques.
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