vendredi 18 septembre 2009

La vie ou la mort.




Enseigner, c'est une question de vie ou de mort. Qu'est-ce que je veux dire ? Qu'un prof doit rendre vivant ce qu'il fait, sinon c'est fichu, il est mort. Ce matin, avec mes Littéraires, j'ai eu une digression sur ce sujet (ce qu'on dit en marge d'un cours est parfois aussi important que le cours) : noter mes propos c'est bien, mais il faut lire et relire ces notes, régulièrement, presque quotidiennement, se les approprier, les incorporer si j'ose dire mentalement, les faire siennes, et surtout les rendre vivantes, c'est à dire fécondes. Les pensées du prof notées par les élèves n'ont de sens, d'utilité que si elles nourrissent leurs réflexions. Mes paroles ne doivent pas rester, dans les classeurs et cahiers, lettres mortes.

De même, un prof doit veiller à rendre vivant son enseignement, ne pas le fixer dans la routine, la répétition, qui sont des formes de mort elles aussi. Le mot même de "cours" me gêne, je ne l'aime pas trop, il renvoie à des exposés figés, à des conférences passives, à quelque chose d'immobile qui est le contraire de la vie. Un "cours" de philo doit être aussi un spectacle, un show, mais sérieux, instructif. J'aime bien en revanche le terme d' "exercice". Le "cours" doit être créatif, et les élèves doivent le ressentir.

L'idéal, ce serait une co-création, la pensée du prof mobilisant et suscitant celle des élèves. On n'y parvient pas toujours, on peut s'en rapprocher. Cette année, j'ai décidé de refaire complètement mes cours, de laisser tomber ceux de l'an dernier. Mais si le contenu diffère, la forme demeure identique, celle de la réflexion philosophique. La création n'est pas une table rase, un départ à zéro. Je retiens plutôt l'idée de fécondation. La vie contre la mort, on y revient.

En vignettes, la photo de rentrée du café philo (ce sont des internes de mon lycée que j'ai accompagnées) et ses questions d'introduction.

3 commentaires:

Emmanuel Mousset a dit…

Je précise que mes élèves sur la photo ne sont pas des extra-terrestres et que je n'y suis pour rien si elles ont des yeux rouges.

Arthur Nouaillat a dit…

Pas si évident que ça le thème du café philo de jeudi soir...

Emmanuel Mousset a dit…

Si c'était évident, ce ne serait pas de la philosophie.