dimanche 12 juillet 2009

Marcher, une philosophie.

C'est tout de même formidable de voir, à l'entrée de mon bistro de quartier Le Liberty, une pub pour Philosophie Magazine, là où on trouve plus souvent la une cradingue de Détective. C'aurait été inimaginable il y a trente ans, cette popularisation de la philosophie, qui mériterait toute une analyse (qui à ma connaissance n'existe pas).

Dans ce numéro d'été, je découvre un très intéressant article, page 39, sur la marche ... et la philosophie, à l'occasion de la sortie d'un livre de Frédéric Gros, Marcher, une philosophie, Carnets Nord. Qu'il y ait un rapport entre la marche et la philo, j'ai pu l'expérimenter. Quand on se promène, la tête ne reste pas vide, on pense, on réfléchit (et pas à ce qu'on va manger le soir !). La marche est une activité propice à la méditation (ce n'est pas le cas de la nage ou du travail). C'est qu'on y est à la fois pris par les jambes mais libre de la tête.

Et puis, il y a les expériences relatées dans des ouvrages, celles de Jacques Lanzmann, Jacques Lacarrière ou Théodore Monod. J'ai beaucoup lu les deux premiers, Fou de marche et Chemin faisant ont été à une époque mes livres de chevet. Parfois, la marche y dépasse la simple philosophie pour entrer dans la spiritualité, une forme de mystique. On a l'impression que la marche libère moins le corps que l'esprit, qu'elle épuise le premier pour émanciper le second, le faire accéder à un état inconnu, quasi extatique. J'ai vécu ça aussi quelquefois en faisant du vélo.

Revenons à Frédéric Gros et à Philosophie Magazine. "La marche fait coïncider l'âme, le corps et le monde", nous dit-il. "Beaucoup de penseurs ont considéré que la marche était essentielle à leur travail". Il cite Nietzsche et ses promenades en montagne, Kant qui faisait chaque jour son petit tour rigoureusement chronométré, Rousseau bien sûr et ses Rêveries du promeneur solitaire, dont je recommande la lecture.

Gros nous propose deux distinctions conceptuelles tirées de sa réflexion sur la marche :
- Monotonie qu'engendrent ces pas mis les uns devant les autres et qui constituent la marche, contre l'ennui de l'esprit qui ne fait rien.
- La marche nous fait appréhender quelque chose d'élémentaire, contre l'idée d'essentiel que défend la philosophie classique.

C'est l'été, les vacances : marchez, vous n'en philosopherez que mieux. En ville, vous ne rencontrerez qu'une contrariété, l'être humain, qui vous interrompt dans votre marche et votre méditation. En campagne, c'est le chien fréquemment croisé qui menace vos mollets. Comme quoi la marche reste une aventure pas si facile que ça à accomplir.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

La marche, la randonnée cycliste ou équestre, la course à pieds, la natation (il y en a sûrement d'autres...), sont toutes des activités propices à la réflexion quand elles sont pratiquées dans le but de se détendre, et non de réaliser une performance.