vendredi 1 mai 2009

Irritations.

C'est fait, j'ai bouclé aujourd'hui mes trois paquets de copies. Avec quelques irritations pour finir. D'abord ce devoir qui s'intitule ainsi, en haut de page : "Dissert° de philo". J'ai respecté la graphie. L'élève est-il pressé pour écrire ainsi ? Ce qui signifie qu'il bâcle son travail, rédigé peut-être dans la précipitation. A moins que l'usage de diminutifs ne trahisse une insouciance, une négligence de la pensée. Quoi qu'il en soit, ça fait très mauvais effet, surtout en tête d'une dissertation. D'autant qu'en début d'année, j'ai prévenu : il faut écrire les mots en entier, renoncer aux abréviations. C'est une question de clarté et de politesse.

Certains lecteurs me répondront sans doute que je n'ai qu'à faire de même, qu'à appliquer la règle que je recommande, en appelant désormais mon blog "Professeur Story". Je suis en réalité bien bon de vous suggérer une objection. Mais c'est parce qu'elle est sans fondement. On ne compare pas une dissertation de philosophie, c'est à dire un exercice scolaire, avec le billet d'un blog, qui relève plutôt de l'exercice journalistique. En littérature aussi, les mots incomplets sont permis, parce que ce sont des effets de style qui ont un sens précis. Si je dis "prof", j'introduis une familiarité qui est celle de ce blog, puisque j'y décris la vie ordinaire d'un enseignant. En revanche, "professeur" suggère une dignité, un titre, une connotation que je n'ai pas voulu donner à mes billets quotidiens.

La deuxième irritation est provoquée par la ponctuation inadaptée que je découvre dans une copie. L'élève utilise énormément de points d'exclamation. Où est la faute ? Une dissertation de philosophie (j'ai failli écrire "une dissert de philo", mais je me suis repris, ne voulant pas vous troubler ou vous provoquer) ne s'exclame pas, elle s'interroge et elle ponctue. Le point d'exclamation, là aussi dénoncé en début d'année scolaire, est une faute de goût en philosophie. S'exclamer, c'est imposer une évidence ou un préjugé, qui n'ont pas ici leur place. C'est renoncer à penser, c'est se laisser emporter par la passion, l'indignation. Bref, c'est ne pas être sage. Autre ponctuation à proscrire, dont j'ai déjà parlé dans un précédent billet : les points de suspension, qui introduisent un sous-entendu, un élément implicite, alors que la philosophie fait la clarté, n'oublie rien, ne suggère rien mais expose tout, dans la pleine lumière de la raison.

Dernier objet d'irritation: un élève fait une référence à l'émission de télévision "Les Guignols de l'Info". Non, ce n'est pas acceptable. Les "Guignols" se moquent, ils ne peuvent en aucun cas être un critère de vérité, une base pour la réflexion... sauf si le sujet de dissertation portait sur la dérision. Mais ce n'est pas le cas. Des références oui, si possible philosophiques, pourquoi pas littéraires, cinématographiques, artistiques, mais pour le reste, par prudence, mieux vaut laisser tomber, et écarter systématiquement ce qui est récent, actuel. Une bonne référence, quel qu'en soit le domaine, a été éprouvée par le temps, est quasiment éternelle. Si dans trois siècles on fait appel à l'émission de Canal+, ce sera devenu une référence. Pas avant. En attendant cette date, parlons d'autres choses.

Allez, je vous donne pour terminer ce que certains lecteurs attendent avec impatience, l'échelle des notes des TL2. Là aussi, je suis irrité, parce qu'un tiers de la classe a de mauvais résultats. Voyez un peu :

4 : 2
5 : 4
6 : 4
7 : 2
8 : 2
9 : 2
10 : 3
11 : 2
12 : 1
13 : 3
15 : 2
16 : 1
18 : 1

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