lundi 18 mai 2009

Paris sera toujours Paris.

Hier matin, à 10h22, j'étais sur le quai de la gare du Nord, arrivée des trains venant de Laon, une pochette rouge vif à la main, qui ne me quittera pas de la journée, que je brandirai parfois dans les rues ou le métro de Paris : ce n'est pas parce que mes étudiantes ne sont que douze qu'il ne faut pas être prudent ! Armés de cet étendard, nous étions prêts à conquérir la Capitale, à commencer par le Café Philo des Phares, où m'attendait une rude animation.

Comment ça s'est passé ? Ce n'est pas le protagoniste qui peut se juger lui-même. Mais je vous donne mon ressenti, qui est mitigé. Je suis globalement satisfait parce que, comme l'a dit Gunter, le public a été attentif. C'est déjà une énorme victoire. Ceci dit, j'ai transpiré, et j'ai quelques mécontentements. D'abord les trois micros qui ne marchaient pas tous comme il conviendrait. C'est agaçant et déstabilisant. Il y a tant de choses à penser, et il faut aussi penser à ça, qu'on pourrait tout de même éviter ! Un des micros doit être quasiment avalé pour qu'on y entende quelque chose, l'autre doit être tenu d'une savante façon si l'on ne veut pas d'un sifflement qui vous perce les oreilles.

Et puis, il y a le système des premières prises de parole, qui fait que je dois surveiller combien de fois chacun s'exprime, m'en souvenir et gérer les demandes en les ordonnant. Trop compliqué pour ma petite tête. Gunter s'en charge, mais du coup, il se transforme peu à peu en co-animateur. Il le fait bien sûr pour m'aider, et en plus je le lui ai proposé, pour faciliter le déroulement de la séance. Mais la nature humaine est ce qu'elle est : Gunter distribuant le micro, se déplaçant dans la salle, il devient contre son gré "animateur", au sens propre du terme : il met en mouvement le public. Dans ce genre de situation, mieux vaut être seul à bord et se débrouiller.

Au début, à moitié par stratégie à moitié par sincérité, j'ai annoncé que j'étais honoré et ... stressé, avançant en petit provincial devant le très parisien Café des Phares, un peu comme la souris fait le mort devant le matou. Cette entrée en matière, chargée de désamorcer les difficultés, a été assez bien perçue. Après, je me suis essayé à un peu d'humour, ce qui est passé me semble-t-il à côté de la cible. Je me suis en fait aperçu que dans l'Aisne l'humour permet de désacraliser la philo, de la rendre moins impressionnante aux yeux du public. Mais ici, pas besoin.

Mon problème, c'était la crainte de décevoir les habitudes : Gunter fait de nombreuses références, reprend les interventions, les commente. J'ai voulu faire de même. Erreur : il faut être soi-même, ne pas chercher à copier. Mais je voulais être à la hauteur de la réputation du lieu et de mes hôtes. Bref, et Gunter me l'a très justement fait remarquer, j'en ai fait trop, j'ai trop longtemps parlé. Voilà ce qui arrive qui on fait du zèle !

L'épreuve du feu passée, je me suis précipité avec mes étudiantes "Chez Léon", pour puiser de nouvelles forces dans un plat de moules-frites. Mais le repas a traîné en longueur, et nous sommes arrivés devant le Père Lachaise avec plus d'une heure de retard sur le timing, ce que je ne supporte pas (d'autant qu'une personne nous attendait là bas sous la pluie et a bien failli se transformer en gisant !). Une bonne heure trente de visite, ça convenait tout de même. On ne peut bien sûr pas tout voir, c'est inévitable. Ce sera pour une prochaine fois.

Dans le métro du retour, une angoisse a gagné notre petite troupe : allions-nous réussir à prendre le train de 17h52 (qui était inscrit au timing) ? La fermeture de la ligne 3 à la station République, imprévue, a déjoué dangereusement mes prévisions. Nous n'avons pas couru, mais l'adrénaline a réveillé les jambes les plus fatiguées. 17h46 : ouf, nous étions arrivés ! J'ai accompagné mes étudiantes jusque dans le wagon, leur rappelant la promesse qu'elles m'avaient faite une heure plus tôt : devant la tombe d'Eugène Pottier, n'ayant pas le temps d'entonner l'Internationale, je leur ai demandé de le faire dans le train, en ayant une dernière pensée (de la journée) pour moi. J'espère qu'elles l'ont fait, poings levés avais-je précisé. Mais je ne suis pas allé jusqu'à vérifier.

4 commentaires:

l'anonyme révolté a dit…

quel a été le sujet que vous avez choisi?

Emmanuel Mousset a dit…

"Peut-on désirer sans souffrir ?" C'est un sujet classique, je n'ai pas voulu, pour cette première, prendre des risques.

Anonyme a dit…

courageux mais pas téméraire.

Emmanuel Mousset a dit…

Le courage est une vertu, pas la témérité.