vendredi 15 août 2008

Le premier cours.

Que fait un prof de philo par ce bel après-midi du 15 août? Il pense à sa première heure de cours de la rentrée! C'est à moitié une boutade. J'ai relu dans un ancien numéro de "Philosophie Magazine", septembre 2007, l'article consacré à la première heure de cours de l'année (p.22-24). Que fait-on à ce moment-là? Le début, c'est important, pas question de le rater. Quelques collègues s'expriment, j'en ai retenu trois:

Anne-Marie Pontgratz, prof au lycée François-1er, à Fontainebleau (Seine-et-Marne): son truc, c'est l'expérimentation philosophique. Elle s'appuie sur l'ouvrage de Roger-Pol Droit, "101 Expériences de philosophie quotidienne" pour "accrocher" les élèves, stimuler leur curiosité, retenir d'emblée leur attention. Par exemple, demander à l'élève de regarder un crayon et de répéter le mot "crayon" jusqu'à ce que le son devienne étranger à son objet, qu'il existe par lui-même en tant que bruit bizarre, "crayon". Autre exercice, inverse au premier: manger quelque chose dont on ne connaît pas le nom afin de se concentrer sur sa substance, ce qu'on ressent d'elle, en oubliant toute appellation. Voilà deux expériences amusantes qui préparent à une réflexion sur l'être et le langage.

Jean-Charles Royer, prof au lycée Galilée, à Cergy-Pontoise (Val-d'Oise): comme beaucoup de collègues, il commence l'année en s'informant sur chaque élève. Traditionnellement, nous faisons remplir une fiche quasiment signalétique, dans un genre plutôt administratif. Jean-Charles a décidé de rompre avec la tradition! Il demande aux élèves de se présenter certes, mais oralement. L'écrit réserve l'information au seul professeur, l'oral apprend à se faire connaître de l'ensemble de la classe. Mais l'originalité va plus loin: il demande à l'élève à quoi il s'identifie, afin de mieux percevoir sa personnalité! Comme tout bon prof, il donne l'exemple en annonçant qu'il s'identifie à... la tour du jeu d'échec. La plupart des élèves, nous dit-il, citent un animal, souvent le chat.

Michèle Vergeade, prof au lycée technologique Valentine-Labbé, à La Madeleine (Nièvre): sa méthode d'introduction est plus classique, elle commence par une question, LA question: qu'est-ce que la philosophie? En laissant les élèves chercher le sens dans le dictionnaire, elle les amène à confronter plusieurs définitions et, de cette façon, à déjà philosopher. Puis elle lit les instructions officielles du ministère (beaucoup d'élèves... et leurs parents croient qu'il n'y a pas de programme en philo et que le prof fait ce qu'il veut, ce qui est évidemment faux). Enfin, elle montre à la classe des ouvrages de philosophie, car philosopher, c'est aussi s'intéresser à des auteurs et à des livres.

Je vous parlerai, le moment venu (c'est-à-dire à la rentrée!) de mon premier cours de philosophie. Mais le collègue dont je me sens le plus proche, c'est le dernier, Michèle, dont le classicisme me plaît bien. Mais bravo à Anne-Marie et Jean-Charles pour leur originalité! Peut-être que moi aussi, un jour, j'oserai...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

C'est faux, Michèle Vergeade n'a jamais, jamais, JAMAIS donné un cours aussi intéressant. Bizous.