jeudi 14 août 2008

500 euros la gifle.

Je ne savais pas hier, en inaugurant ce blog professionnel, que je serais rattrapé aussi vite par l'actualité, puisque nous avons appris que l'enseignant qui avait giflé un élève l'ayant traité de "conard" s'est vu infliger une amende de 500 euros. Par principe, je ne discute pas les décisions de justice. Mais je peux commenter l'événement et son dénouement.

La violence n'est pas admissible à l'école, qui doit être un havre de paix et d'études. Ni de la part des élèves, qui doivent se soumettre au réglement, ni de la part des enseignants, qui doivent faire leur métier, notamment garder leur sang-froid en toutes circonstances. Cette dernière exigence est difficile à satisfaire quand les élèves sont difficiles à tenir. Gifler un élève ne règle rien, il ne faut donc pas le faire. C'est une erreur qui doit être appréciée au niveau de l'établissement et de son administration.

Cependant, l'affaire a pris une tout autre tournure. Médiatisé à l'extrême, l'aléa du métier s'est transformé en événement national, l'incident malheureux est devenu catastrophe, le fait s'est élevé au symbole, la faute a pris des allures de crime, nous sommes entrés dans quelque chose de totalement disproportionné, donc d'injuste. Et là je ne suis plus du tout d'accord.

Cette gifle n'est pas venue de rien, elle ne procède pas d'une pure perte de nerfs de l'enseignant mais d'une insulte proférée par l'élève à son adresse. Il faut donc replacer l'acte dans son contexte, un climat, l'univers d'une classe. Il faut comprendre la signification que prendra immanquablement l'amende: l'enseignant sanctionné, l'élève absout. On condamne la faute du premier, on oublie la faute du second, alors que celle-ci a entraîné celle-là.

Tous les élèves de France comprendront alors que le respect que l'enseignant doit à l'élève est supérieur à celui que l'élève doit à l'enseignant, que l'un est obligatoire alors que l'autre est facultatif, bref qu'on peut insulter son prof mais que celui-ci n'a rien à en redire. Car ce qui vaut pour la gifle aujourd'hui vaudra demain pour la remontrance ferme qui sera considérée comme une insulte.

Le plus navrant, le plus significatif et sans doute le plus coupable, c'est le comportement du parent, gendarme! Voilà un homme d'autorité, un militaire, qui sait ce qu'est l'obéissance, comment elle s'obtient, qui pratique dans son métier le respect de la hiérarchie, et qui libère son propre fils de ces obligations. S'il est vrai que l'école n'est pas l'armée, respect, obéissance, autorité se retrouvent dans l'une et dans l'autre.

Ce père aurait dû donner tort à son fils pour l'insulte et régler le problème de la gifle avec l'enseignant, l'administration, au sein de l'établissement. Porter l'affaire en justice est certes un droit, mais dans les circonstances c'est un mauvais choix, c'est même une décision irresponsable lorsqu'on constate aujourd'hui ses conséquences médiatiques, préjudiciables au corps enseignant et négativement exemplaires pour les élèves.

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