samedi 23 août 2008

L'achat des manuels.

Il est beaucoup question, ces jours-ci, dans la presse régionale et nationale, du coût de la rentrée scolaire pour les familles, en se concentrant sur les dépenses de papeterie et en oubliant les manuels scolaires, qui reviennent pourtant le plus cher, surtout aux lycées, où ils sont nombreux et onéreux. Mais l'oubli est normal, cette charge financière étant souvent assumée par la collectivité, du moins partiellement.

A l'école primaire, pas de problème, ce sont les communes qui paient, même si la loi ne les oblige pas. Mais la tradition s'est installée. Au collège, pas de problème non plus pour les familles: c'est l'Etat qui attribue une somme aux rectorats, distribuée aux inspections académiques, reversée à chaque collège pour l'achat des livres. Mais au lycée, c'est à la famille, en théorie, de se débrouiller, comme si l'école "gratuite" s'arrêtait à la classe de Troisième!

En pratique, les Conseils régionaux, dont dépendent les lycées, interviennent fortement, de multiples façons, avec un objectif: tendre autant que possible à la gratuité, ce que parviennent à faire certains Régions. D'autres réduisent considérablement le coût des manuels en distribuant des cartes de crédit, des chéquiers-livres, des bons d'achat ou des dotations particulières aux établissements. Le lycée aussi doit être gratuit! Surtout en ce qui concerne les manuels scolaires. Imaginez un ouvrier allant à l'usine et devant acheter ses outils ou un employé allant au bureau avec sa table et son matériel...

Combien coûte à mes élèves leur année de philo? Presque rien! La philosophie est l'une des rares matières, peut-être la seule, qui peut se payer le luxe de la quasi gratuité. Tout dans la tête, nul besoin de fournitures annexes! Je charrie un peu: il faut un stylo et du papier pour prendre des notes, cahier ou classeur, peu importe. Mais après? A Saint-Quentin, au lycée Henri-Martin, la tradition chez les profs de philo est de ne pas demander aux élèves d'acheter de manuel. En 15 ans, je n'ai vu aucun élève m'interroger là-dessus, ni aucun parent s'en plaindre. La force de l'habitude, que personne n'ose remettre en question...

Socrate et ses disciples philosophaient sans livres, alors... Sauf que je ne suis pas Socrate et mes élèves ne sont pas mes disciples. Quand nous devons travailler sur des textes de philosophie, je distribue des photocopies à la classe. Et puis, le CDI (la bibliothèque du lycée) met à disposition de nombreux ouvrages de philo, dont quelques manuels.

Cependant, le programme officiel oblige à étudier, dans l'année, deux ouvrages qui serviront éventuellement pour l'oral du baccalauréat, si le candidat rate l'écrit et est admis au second groupe d'épreuves. Là, les élèves doivent acheter leurs livres et les garder pour eux. En général, le coût global tourne autour de 11 euros. Et comme je m'efforce de choisir des texte courts (entre 20 et 30 pages), les élèves dans la dèche peuvent les photocopier ou les imprimer sur internet. Bref, le matériel nécessaire en philo: un cahier, un stylo et surtout un cerveau!

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