mercredi 20 août 2008

L'école a un prix.

Ecole gratuite? Oui, mais il faut acheter les fournitures scolaires, dont le prix n'a cessé d'augmenter ces 24 dernières années... sauf pour cette rentrée, selon l'enquête de l'association Familles de France. Pour un collégien, le coût s'élève à 190,82 euros, soit une baisse de 7,67% par rapport à 2007. A l'heure où beaucoup de secteurs de la consommation sont affectés par la hausse des prix, où le débat politique est centré sur la question du pouvoir d'achat, les emplettes scolaires échapperaient-elles à cette actualité? Deux autres associations contestent les conclusions de la première, la Confédération syndicale des familles et l'Union des familles laïques, qui annoncent une augmentation du prix de la rentrée entre 1 et 3%. Où est donc la vérité?

Comme toujours avec les chiffres, la réponse est moins dans le résultat que dans le mode de calcul. Familles de France avance une baisse qui porte exclusivement sur les fournitures scolaires. Or, ce que coûte l'élève à ses parents va au-delà: il y a le prix du transport, de la cantine, des vêtements, etc. Quand ce n'est pas le recours à du soutien scolaire privé... Familles de France en a parfaitement conscience puisqu'elle précise que les frais annexes (sport, loisir, transport) ont augmenté de 50% et le budget vêtements-coiffeur de 115 euros! Bref, un élève revient cher à ses parents...

La baisse des fournitures scolaires, qui est tout de même le coeur des dépenses de rentrée, s'explique en grande partie par l'accord passé entre le ministère et la grande distribution qui vise à geler les prix de 46 produits scolaires de base, décision qui a manifestement eu un effet sur les prix dans les magasins spécialisés.

Mais le problème de fond, nous le connaissons bien depuis une bonne vingtaine d'années: l'école est entrée elle aussi dans l'ère de la consommation, d'une façon affolante. La vogue des "marques" en est l'expression la plus spectaculaire. Stylo, cahier, cartable, chaussures, vêtements, tout y passe, l'enfant devient un agent publicitaire, un singe grimé, un petit clown de la société de consommation. Je connais la réponse à cette critique: les enfants veulent être comme les autres, ne pas se sentir rejetés, marginalisés. A ce prix-là? En les transformant en des poupées ou en des jouets vivants? En encourageant le mimétisme et le narcissisme?

Non, un enseignant ne peut pas approuver cette tendance. Mes souvenirs d'école, dans les années 1960-1970, me font dire qu'on peut vivre sans les marques et les gadgets, ou bien les réserver, si cela amuse, au temps extra-scolaire. Les parents sont bien sûr les premiers responsables. C'est à eux de ne pas céder à la demande des enfants. Mais c'est aussi le rôle des enseignants, de l'administration, de résister à l'offre de la société. L'école doit être ouverte sur le monde mais ne pas tout en accepter. Le mercantilisme doit être banni des établissements scolaires, autant que le prosélytisme religieux ou politique. Les cours d'instruction civique sont par exemple le lieu où cette prise de conscience pourrait être suscitée.

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