mardi 26 août 2008

La fin du samedi.

La rentrée à l'école primaire sera différente des autres années, puisqu'une réforme est appliquée, dont la mesure sans doute la plus spectaculaire est la fin du samedi matin travaillé, qui existait depuis toujours. Pour retrouver un événement équivalent dans la chronologie scolaire, il faut se souvenir du passage du jeudi au mercredi, que j'ai vécu dans les années 70. Mais on ne faisait alors qu'un transfert. Là, il s'agit carrément d'une suppression.

Qu'est-ce qui a motivé cette petite révolution? Bien sûr l'évolution des moeurs, les changements dans la société. Le week-end, depuis longtemps déjà, est devenu sacré. Avec les 35 heures, il commence souvent le vendredi soir. Les loisirs se sont répandus, les voyages de deux jours aussi. Bref, les gens ont de plus en plus besoin de leur samedi matin! La banalisation du divorce a renforcé le phénomène, avec la garde des enfants tout le week-end. Pour toutes ces raisons, il est plus simple, plus pratique, bien meilleur de supprimer le samedi matin. La population ne s'y trompe pas: tous les sondages montrent que la majorité est satisfaite.

Pourtant, moi, je ne suis pas complètement satisfait. Je sais pourtant que ce mouvement s'est déclenché il y a quelques années, avec des écoles fermant dès le vendredi soir. Je sais que les collèges et surtout les lycées ont anticipé cette suppression. Chez moi, à Henri-Martin, au début, je travaillais le samedi matin. C'est terminé, depuis pas mal d'années. Avec cette nuance: les élèves de Terminales viennent régulièrement ce jour-là pour des devoirs surveillés préparant généralement au baccalauréat.

Si je ne suis pas satisfait, c'est parce qu'on pense dans cette affaire à l'intérêt et au confort des familles avant de songer à l'intérêt et au travail des élèves. Les deux sont évidemment liés et méritent qu'on veille à l'un et à l'autre. Mais la priorité, c'est l'élève! Car la suppression du samedi conduit inévitablement à la semaine de quatre jours de travail. Le bon sens me fait dire qu'il faut étaler le travail et non pas le concentrer. L'expérience la plus banale montre qu'au bout de quelques heures, surtout dans l'après-midi, on perd de son efficacité.

Drôle de société: on demande aux adultes de travailler plus, et on va amener les enfants à travailler moins. Mais pour gagner quoi? Quelques heures de loisirs... Je ne suis certes pas fondamentalement inquiet. Les jeunes sauront s'adapter, de nouvelles habitudes seront finalement prises, le travail et l'intelligence, l'un étant le moyen et l'autre l'objectif de l'école, finiront par l'emporter.

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