dimanche 21 septembre 2008

Ma semaine philo.

J'enseigne la philo au lycée, en tant que professeur, préparant mes élèves au baccalauréat, mais je suis aussi un militant de "l'éducation populaire", c'est-à-dire de la diffusion de ma discipline en dehors du lycée, pour tout public. De ce point de vue, la semaine qui s'achève a été assez chargée.

Lundi, le Ciné-Philo de Saint-Quentin a repris, avec une belle affluence, 90 spectateurs. On passe un film et puis on y réfléchit. Ce soir-là, c'était "Gomorra", de Matteo Garrone, Grand Prix au Festival de Cannes 2008. Pour une fois au cinéma, on y montre la Mafia sans rien de romanesque ou de romantique. Mais les intervenants n'ont pas été très convaincus. J'ai tenté une réflexion sur l'avenir mafieux de nos économies modernes.

Jeudi, c'était au tour du Café-Philo, toujours très fréquenté, de faire sa rentrée, autour de la question: quand allons-nous cesser de nous plaindre? Quelques-uns de mes élèves étaient présents. Eux au moins ne se plaignent pas de me revoir en dehors des cours! Des prépas aussi étaient là, du lycée Henri-Martin, osant intervenir. C'est bien. La plainte est-elle l'expression légitime d'une souffrance réelle ou bien un gémissement narcissique? La réflexion a tourné autour de ça et de quelques verres.

Vendredi, je suis allé à Wassigny, dans son collège, pour une animation philo sur le thème: peut-on échapper à la dépendance? L'infirmière de l'établissement est la mère d'un élève que j'ai eu il y a deux ans et qui poursuit des études de philo afin de devenir prof. Le monde est petit! Avec les collégiens, la réflexion n'est pas facile, ça bouge, ça vit, mais quelque part c'est bien. J'ai dû demander cinq fois à une élève de s'asseoir correctement sur sa chaise. La position de son corps était en soi un signe de refus d'être là. Sinon, les deux classes ont participé, parlé, interrogé, et c'est l'essentiel. Le pire aurait été un silence de mort, le mutisme de l'abrutissement ou de l'indifférence. La philo, c'est la vie. Elle est capable de supporter le bruit, pourvu que l'enseignant sache y mettre bon ordre.

Le soir, je suis retourné à Wassigny, même thème, cette fois avec les adultes, en mairie. Eh oui, le Café-Philo se veut conquérant, après les villes de l'Aisne pénétrer les campagnes. C'était réussi. Une bonne vingtaine de participants, des échanges intéressants et beaucoup de plaisir à se retrouver ensemble. Que vouloir de plus? Quelques questions iconoclastes ont été posées: l'amour n'est-il pas la pire des dépendances? Ne peut-on pas vouloir librement et rationnellement être dépendant? La dépendance, pourtant condamnée, n'est-elle pas l'état premier, naturel et permanent de l'être humain?

Samedi, à Guise, au Café-Philo dans le Centre social, c'était moins réussi: peu de monde, mais un temps magnifique qui incitait plus à se promener qu'à philosopher. Et puis, le sujet était un peu dépassé, quoique toujours d'actualité: faut-il supprimer les Jeux Olympiques? J'avais préparé une petite réflexion sur les valeurs fort contestables de l'olympisme. Tant pis, nous contesterons une autre fois.

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