vendredi 12 septembre 2008

Le jockey et le vendangeur.

A la fin d'un cours, des élèves viennent parfois me voir, s'entretenir avec moi. Ce n'est pas fréquent. C'est souvent utilitaire, administratif, parfois aussi pédagogique, un point du cours qui n'a pas été bien compris. Dans ce dernier cas, je préfère que l'élève repose la question devant la classe, car elle concerne tout le monde, et sa réponse doit être profitable à tous.

Et puis, il y a les confidences plus personnelles, qui n'ont cependant rien de secrètes (sinon je n'en parlerais pas!). Ce matin, un élève m'annonce qu'il sera absent dans les quinze prochains jours, parce qu'il va faire les vendanges. On oublie que certains lycéens sont largement indépendants et ont besoin de gagner leur vie. Le syndrome Tanguy n'est pas général. Je suis embêté, et lui autant que moi: il va rater les premiers exercices de dissertation et de commentaire de texte, qui structurent tout mon enseignement, il ne pourra pas me rendre le premier devoir prévu pour la fin du mois. On s'arrangera, avec un peu de volonté et beaucoup d'organisation.

Après lui, une élève m'apprend à son tour qu'elle sera absente, la semaine prochaine, mais pour une toute autre raison: elle va passer un concours d'équitation de haut niveau en Autriche. On lui scannera les cours pour là-bas! Je me mets à rêver: mon enseignement va se retrouver, d'ici quelques jours, dans le cadre bucolique d'un chalet autrichien... Plus sérieusement, je médite sur cette école publique, laïque, qui a réussi à mélanger les classes sociales, le jockey et le vendangeur.

J'ai aussi des élèves qui sont atteints de sévères handicaps, et qui sont là, parmi nous, comme si de rien n'était. Il a fallu du temps à l'école publique pour s'ouvrir et s'adapter à eux, mais elle y est parvenue, même s'il reste encore beaucoup d'efforts à faire. Qu'elle est belle, cette école-là!

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