mardi 30 septembre 2008

Fin de mois.

Un mois aujourd'hui que la rentrée a eu lieu: quel bilan je fais de ce début d'année scolaire 2008-2009? D'abord prudence, ce n'est qu'un début, ce ne sont encore que les premières semaines. Rien n'est jamais acquis dans l'enseignement, les classes peuvent encore se révéler, pour le meilleur ou pour le pire. Mais j'ai quand même quelques impressions, je vois se dessiner le profil des classes. Les Littéraires sont sages mais la participation est moyenne. Les ES, Economique et Social, interviennent volontiers, parfois trop spontanément. Les Scientifiques sont à encadrer, le poids moins important de la philo dans leur cursus les rend globalement un peu moins attentifs.

Bref, pas trop de problèmes. L'angoisse de l'enseignant, c'est la classe incontrôlable, qu'on va devoir péniblement affronter jusqu'à la fin de l'année, ou bien les élèves qui se révèlent indisciplinés. Rien de tel, des classes plutôt tranquilles. Certes, je commence à repérer quelques élèves qui se sont manifestés à mon attention de façon négative, parfois à répétition. Pas bon pour eux. Mais pas de grosses difficultés. Les premières années, je n'en aurais pas dit autant. J'ai acquis un certain savoir faire, je dissuade assez vite les récalcitrants., je les remets dans le rang. Cependant, je sais que les choses changeront à la première évaluation, d'ici quelques jours. Une note, c'est une appréciation. Et là, les comportements peuvent se modifier, en bien ou en mal.

Côté programme, notions, où en sommes-nous? Le bon rythme, du moins avec les Littéraires, c'est trois notions par mois. Nous avons vu "le bonheur" et "le désir", nous en sommes à "autrui". A-t-on le devoir d'aimer les autres? Premier sujet de dissertation, très provocateur, comme souvent les sujets de dissertation, car s'interroger ainsi, c'est remettre en question le fondement de la morale.

Le plus intéressant dans les réponses qu'on apportera, ce sera de montrer qu'on n'a pas nécessairement le devoir d'aimer l'autre. D'abord parce que l'autre peut m'être inconnu, et l'aimer ne sert alors à rien, parce que l'autre peut être un salaud, et l'aimer est alors injuste. Car l'amour est sans doute plus un mérite, une récompense, qu'un dû. Et puis, le sentiment se commande difficilement. Ma conclusion: aimer les hommes n'est pas nécessaire, mais aimer en chaque homme l'humanité qui l'élève, oui.

Deuxième sujet de dissert: la présence d'autrui nous évite-t-elle la solitude? A première vue, autrui m'empêche d'être seul. Mais le sentiment de solitude existe, et terriblement, quand parfois l'autre est là. Au milieu de la foule, pourtant très entouré par mes semblables, je me sens seul. Et puis, si nous sommes rarement seuls parce que l'homme est un être sociable, il y a des moments d'irréductible solitude, où l'autre ne peut rien pour moi: quand je souffre, quand je dois choisir, quand je suis face à la mort.

Je terminerai le cours sur autrui par un très beau texte de Jean-Jacques Rousseau, dans l'Essai sur l'origine des langues, chapitre 9, Flammarion, collection GF, 1993, pp. 83-85, où il est expliqué que le rejet de l'autre est le produit conjugué de l'ignorance de soi et de l'amour pour ses proches. On aime d'autant plus ses semblables, père, fils, frère, qu'on déteste ceux qui passent pour différents, étranger, bête ou monstre. Bref, il faut se méfier de ses sentiments et il faut plutôt se confier à sa raison.

1 commentaire:

justine ALEXANDRE a dit…

Bonjour Monsieur MOUSSET

Je souhaitais vous remercier de nouveau de m’avoir aidé lors du rattrapage du bac. Si aujourd’hui j’ai mon bac, c’est surtout grâce à vous. Aujourd’hui, je suis en faculté de sciences humaines et sociales, ma spécialité est la psychologie, mais je n’échappe pas à la philosophie ! celle-ci n’a absolument rien à voir avec ce que vous nous avez enseigné l’année précédente. Mon professeur est une jeune femme qui vient tout juste de finir ces études et si je compare avec vos cours, il n’y a absolument rien à voir, on ne réfléchit pas sur une notion , pas de dissertation. Pour l’instant ces cours portent sur le fait de se moucher, assez étonnant pour de la philosophie ! Enfin, tout cela pour dire que je regrette les cours de philosophie de terminale !!!

Bon courage pour cette année.

ALEXANDRE Justine