vendredi 19 février 2010

Encore Darwin.


Anny, de la Ligue des Droits de l'Homme, m'a invité à donner ce soir une petite conférence sur Darwin à la médiathèque de Roisel. Je ne connais pas du tout l'endroit, j'ignore ce que sera le public, c'est donc toujours l'inattendu qui prévaut, et la nécessité pour moi de m'adapter à mon auditoire. D'autant que la pensée de Charles Darwin n'est pas particulièrement attractive, comme tout sujet scientifique !

J'ai d'abord été agréablement surpris par le nombre de participants, assez élevé. Et puis, j'ai retrouvé avec bonheur mon vieux camarade Michel, maire de Roisel, que je n'avais pas vu depuis au moins trois ans. 18 kilomètres seulement nous séparent, mais que le temps passe vite ! J'avais préparé mon coup : dans une rencontre initiée par la LDH, mon angle d'attaque ne pouvait être que "darwinisme et droits de l'homme".

J'ai structuré en trois point mon intervention, qui n'a duré que 25 minutes (mais c'est parfait pour conserver l'attention du public, surtout en fin de journée) : d'abord le rappel de la démarche laïque du grand savant, qui consiste à observer et penser en dehors de tout a priori religieux, ce qui le conduit à remettre en cause certaines représentations de la vie tirées de la Bible ; ensuite la démonstration de l'humanisme de sa pensée, puisqu'elle affirme que la civilisation, faite d'altruisme et de compassion, est le produit chez les hommes de la sélection naturelle ; enfin la dénonciation du "darwinisme social", qui applique abusivement en la dénaturant la sélection naturelle à l'économie au profit de l'ultra-libéralisme.

L'assistance a été je crois ravie. Ces choses-là se sentent, puis se disent pendant le buffet qui a suivi. Des parents dont l'enfant est à Henri-Martin, mais pas avec moi en philosophie, m'ont avoué être venus à cause de ma "réputation". Mais oui ! Il m'a fallu environ dix ans pour avoir une "réputation" ! Quelques années seulement dans un établissement où il y a 150 enseignants, on est en revanche vite oublié.

La conférence, c'est peut-être mon intervention philosophique préférée, qui n'est pourtant pas la plus courante (je suis plus souvent animateur que conférencier). Cet exercice instaure entre le public et moi une forte intimité, une sorte de communion dans la transmission et la compréhension des idées. Oserais-je dire que c'est un acte d'amour ? En tout cas il me transporte et j'en sors heureux.

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