lundi 24 novembre 2008

Un problème d'écouteurs.

J'ai deux élèves, sur 89, qui arrivent en classe avec deux énormes écouteurs autour du cou. On dirait des oreilles de Mickey. Ca les fait ressembler à des personnes travaillant à la radio ou dans un cockpit d'avion. C'est très bizarre, mais je suis sans doute le seul à trouver ça très bizarre. L'un de ces casques est d'un rose très voyant. Ces élèves ne s'en servent pas, du moins devant moi. D'autres élèves, dans le lycée, se baladent certes avec des écouteurs, mais ce sont de petits fils discrets à l'oreille.

Les deux élèves en question travaillent normalement, me semble-t-il. Rien en eux, pour le moment, ne trahit une certaine distraction. Il n'empêche que cette image qu'ils donnent d'eux-mêmes n'est pas vraiment positive. Porter un casque musical signifie qu'on a écouté ou qu'on va écouter de la musique, à l'intérieur de l'établissement, entre deux cours ou à la récréation.

Est-ce choquant? Pas vraiment, nous avons un foyer avec billard et télévision allumée. Le lycée n'est donc pas un lieu intégralement consacré au travail. Un peu de divertissement y a sa part, de fait. Mais l'exhiber aussi ostensiblement est peut-être aussi contestable que l'affichage d'un signe religieux. Les écouteurs pourraient rester dans le sac. Mais comme ils sont vraiment gros, je suppose qu'il y a un problème de place.

Et puis, sortir son portable après le cours, est-ce mieux? Pas certain. Pourtant, cela se fait, et chez moi, il n'y pas pour autant trouble à l'ordre scolaire. Moi aussi, il m'arrive de téléphoner, sans me cacher. Le problème de ces écouteurs (si problème il y a!), c'est comme la dimension d'une croix ou d'une médaille, c'est leur grosseur. Je ne dirais pas qu'ils font du prosélytisme, mais leur présence est tellement visible et incongrue dans une salle de classe qu'elle passerait presque, aux yeux d'un enseignant mal intentionné, pour une revendication ou même une provocation. C'est qu'ils sont gros, vraiment gros, ces écouteurs, et qu'ils font une drôle de tête à ceux qui les portent!

Je pourrai les interdire, exiger la discrétion, mais encore une fois, ce que je vois moi, personne ne semble le remarquer ni s'en offusquer. Donc je laisse faire. Mais si tous les élèves venaient avec cet attirail autour du cou, la situation deviendrait surréaliste et franchement gênante. Le philosophe Emmanuel Kant nous explique qu'une proposition est moralement acceptable quand elle est universalisable. Là, ce n'est pas le cas! Mais j'ai choisi de ne rien dire parce que, encore une fois, il n'y a pas trouble à l'ordre scolaire, et c'est pour moi l'essentiel. Et puis, en interdisant les deux machins, peut-être que je créerais un problème qui n'existe pas, sinon que pour moi. Allez savoir...

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