mardi 4 novembre 2008

Problématiser.

J'ai terminé mes deux premiers paquets de copies (S et ES), j'ai seulement commencé les L. Le sujet "Peut-on désirer être immortel?" a été particulièrement mal traité. Beaucoup d'élèves se sont interrogés sur l'immortalité, pas sur le désir d'immortalité. Du coup, on aboutit à des réflexions qui relèvent plus de la science-fiction ou du roman fantastique que de l'interrogation et de la rationalité philosophiques.

Ou alors l'élève tombe dans l'évidence, la banalité: à quoi bon se demander si l'immortalité a des avantages? Bien sûr que personne n'a envie de mourir! Un peu plus originales sont les critiques de l'immortalité. Mais oui, celle-ci n'est peut-être pas aussi désirable qu'on le croit: une éternité de souffrance ou d'ennui ne serait guère enviable. Et même une éternité de bonheur: qui sait si on ne finirait pas par s'en lasser, la vie perdant alors toute valeur, cette dernière dépendant de la rareté, de la fragilité, de l'unicité de la vie?

Que fallait-il faire pour réussir ce sujet? Ce qu'il faut toujours faire en philosophie, ce qui est le commencement de toute pensée: pro-blé-ma-ti-ser? Une question de philosophie doit devenir une question philosophique, sinon elle demeure une question ordinaire qui suscitera des réponses ordinaires. Nous ne sommes pas là pour ça. Bref, l'élève doit a-na-ly-ser le sujet.

"Peut-on désirer être immortel?" Problématisons, recherchons dans cette question un problème: pourquoi l'être humain aspire-t-il à l'immortalité alors que ce désir est impossible à satisfaire? Voilà quelle était la bonne question, le bon départ. Et les réponses? Je vous donnerai prochainement le corrigé de ce sujet, mais je peux déjà vous dire que l'amour, l'art, la reproduction, la gloire, les activités de l'esprit sont des accès réels à des formes d'immortalité, auxquelles mes élèves n'ont hélas pas songé. Je leur souhaite tout de même une bonne fin de vacances. On s'expliquera jeudi.

Aucun commentaire: