dimanche 20 juin 2010

Un sujet tabou.


J'ai commencé hier les corrections des copies du bac, à un bon rythme puisque j'en suis à 46 copies lues sur 131, et j'ai jusqu'à la fin du mois, à quoi il faut soustraire plusieurs jours passés à Toulouse au congrès de la Ligue de l'enseignement. Bref je ne dois pas tarder, d'autant que j'ai hérité cette année de la série littéraire, évidemment plus délicate et plus longue à corriger.

Je veux vous entretenir d'un sujet un peu tabou : la tricherie au baccalauréat. Existe-t-elle ? Bien sûr que oui ! La tendance à tricher est dans la nature humaine depuis toujours, pourquoi ne le serait-elle pas le jour du bac ? Le problème est difficilement mesurable. Par définition, la triche dans sa perfection est indétectable. Heureusement, nobody is perfect, c'est une autre caractéristique de la nature humaine. Généralement, le tricheur se fait pincer.

C'est encore arrivé cette année, j'en ai entendu parler jeudi au rectorat : une candidate de la série ES a pris en philo le commentaire de texte de Durkheim ... avec son téléphone portable sur les genoux, branché sur internet, tapant les mots-clés du texte afin de pomper un corrigé. Quand les élèves entrent dans la salle d'examen, on leur demande de laisser leur sac et affaires personnels près du bureau. Mais la fouille au corps n'a pas encore été instituée !

Avec les nouvelles technologies, les vieilles anti-sèches de papier sont un peu démodés. Le côté ludique et ingénieux de l'électronique excite dans la nature humaine (encore elle !) la tendance à la triche, qui prend alors les allures d'une habileté, d'une sorte de performance. "Soyez malins", nous répète la publicité depuis quelques années. Certains candidats se prennent à ce jeu dangereux, aux conséquences très graves pour eux.

Le risque pris n'en vaut pas la chandelle. Surtout, la tricherie en philo, et sans doute en d'autres matières, ne garantit absolument pas la bonne note : un corrigé recraché, ça se repère très vite. A part pour indiquer les dates de naissance et de mort de Descartes, je ne vois pas à quoi ça peut servir et qui ça peut tromper.

Je discutais de ce sujet tabou avec mon proviseur-adjoint, puisque mon établissement est centre d'examen. Il m'a dit qu'il coupait la wi fi pendant toute la durée des épreuves. Les candidats doivent donc faire leur deuil de la tricherie électronique. Mais le meilleur antidote, c'est le regard impitoyable des enseignants qui surveillent le bac !

En vignette : l'introduction du dernier café philo de la saison à Saint-Quentin.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

la Wifi est coupée mais il reste le réseau 3G des opérateurs mobiles