mardi 3 mai 2011

Adieu mon vieux.

Adieu mon vieux ! Tu m'as accompagné pendant mes 18 ans d'enseignement. Au premier jour, lors de mon premier cours, tu étais là, à mes côtés. Tu ne m'a jamais abandonné, toujours présent dans les moments les plus difficiles. Le témoin d'une partie de ma vie, c'est toi. Je ne t'oublierai pas.

C'est ma compagne d'alors qui m'a jeté dans tes bras, qui t'a choisi pour te donner à moi. Dès le début, je t'ai trouvé beau. Il m'est arrivé de te caresser, tellement ta peau était agréable. Et quelle silhouette, quelle élégance ! Les autres parfois te regardaient, tu leur faisais envie. Et puis, comme nous tous, mais plus que nous, tu as vieilli, même si tu resteras encore en vie bien après ma disparition.

Ces derniers mois, je ne t'ai rien dit, mais tu étais vraiment usé, fatigué. J'aurais pu évidemment continuer à vivre avec toi. Mais tu faisais vraiment pitié à voir ! J'ai des rendez-vous importants avec des gens très sérieux, expert-comptable, commissaire aux comptes, président de conseil général, inspectrice d'académie, recteur, proviseur, maire, député, et j'en passe pour ne pas te faire mal. Entre nous, vis-à-vis d'eux, ce n'était plus possible, je ne pouvais pas décemment m'afficher avec toi, à ton bras.

Ce n'est pas que je ne t'aime plus. Bien au contraire ... Tu as été et tu resteras mon premier amour, je te le redis : je ne t'oublierai pas. Mais mes obligations professionnelles me conduisent à faire des choix. Ne vois-tu pas qu'on se moquait de moi, de nous, partout où je te traînais ? S'il n'y avait eu que les élèves, que les collègues, que le lycée, nous aurions pu vieillir tranquillement ensemble. Mais tu sais bien que j'ai une autre vie, autrement plus redoutable que celle-là, où l'on est hélas jugé sur les apparences.

C'est pourquoi j'ai décidé cette semaine de rentrée de te quitter. J'ai désormais un nouveau compagnon, j'ai remarqué que des élèves, à leurs regards, s'en sont aperçus. Peut-être que certains te regrettent, pensent que nous formions toi et moi un couple émouvant, idéal. Le nouveau n'est pas mal, un peu plus grand que toi, un peu moins élégant. Combien de temps restera-t-il avec moi ? Je ne sais pas. Moins longtemps que toi, je crois. Tu étais si solide, si résistant. Si cette pensée peut te consoler ...

Et puis, je ne te jette pas comme une vieille chaussette, je ne te fais pas l'offense de la poubelle. Je te donne à quelqu'un que tu connais bien, avec qui tu as sympathisé et qui a toute ma confiance : mon chat nommé "Monsieur", qui t'aime autant que je t'ai aimé et que je t'aime encore. Tu seras dans mon salon, allongé sur le sol, ma petite bête te griffera, te mordra amoureusement. Je ne te quitterai pas des yeux. Ces derniers mois, je t'avais préparé, habitué à ce destin. Je te jure que tu ne finiras pas dans un grenier, une cave ou une décharge. Tu seras pour l'éternité la relique de mes débuts d'enseignant. Adieu mon vieux, mon ami, mon cartable !

5 commentaires:

Thierry a dit…

Très drôle !
Tu es (presque) mûr aussi pour l'écriture de nouvelles érotiques !

Emmanuel Mousset a dit…

Attention, ce blog est lu par des élèves !

chuuutttt a dit…

par des lycéens qui ont pour les 3/4 16 ans.

les films érotiques , c'est autorisé dés 16 ans .

Aucun souci , suffit de préciser au collègiens de pas le lire en entête du blog ;-)

Anonyme a dit…

Vous êtes sur la fin ... Votre agitation devient le cas le plus triste de la perspective d'une vie d'ermite à terme ...

Emmanuel Mousset a dit…

Je crois que vous n'avez pas compris le sens de mon billet puisque votre commentaire n'a rien à voir.