vendredi 13 novembre 2009

Premiers problèmes.

Être enseignant, c'est rencontrer à un moment de l'année des problèmes. Normal : aucune profession n'y échappe. Les deux premiers mois, tout va à peu près bien. Tout nouveau tout beau. L'enseignant découvre ses élèves, les élèves font connaissance avec leurs enseignants. Les premières notes ne font que tomber, tous les espoirs sont encore permis. C'est à partir du troisième mois que ça devient délicat. Les problèmes apparaissent. Le troisième mois, nous y sommes, c'est novembre. Et les problèmes sont donc là.

Dans l'enseignement, un problème prend souvent la forme d'une feuille écrite qu'on découvre un beau matin dans son casier. Comme moi ce matin. L'en-tête portait ce titre mystérieux, typique au langage administratif de l'Education Nationale : Relevé du nombre d'évènements par division. S'ensuit la liste des élèves de l'une de mes classes et cinq colonnes de chiffres. Tout ça pour indiquer le nombre de retards et absences sans motif ou au motif non légitime durant les trois premières semaines du mois d'octobre. En bas de la feuille, à l'écriture manuscrite tombe le verdict : Taux d'absence 8,61% (un record pour les terminales).

Le document n'est pas qu'informatif (du moins dans l'idée que je m'en fais). Le jugement entre parenthèses m'invite implicitement à réagir. J'avoue n'avoir rien vu venir. Cette classe est tranquille, fait des efforts, ses résultats scolaires ne sont pas déshonorants. Certes il y a parfois, et régulièrement, des absents. Mais ça fait partie de la routine d'une classe. Les chiffres sont cependant là, impitoyables de vérité, et je dois m'incliner. Je fais quoi ?

Après entretien auprès de la Vie Scolaire (qui est à l'origine de la statistique), je comprends mieux la réalité des chiffres (car il faut se méfier de ceux-ci, ils peuvent être trompeurs) : trois élèves régulièrement absentes plombent le résultat final. J'apprends même qu'une classe sans problèmes manifestes peut encourager à un absentéisme qui ainsi ne se perçoit pas trop. Sauf que les chiffres sont là et qu'ils tombent comme des lames de rasoir.

Les trois élèves en question, leur absentéisme ne me surprend pas trop. Je l'avais remarqué, la classe est un espace où la vérité peut difficilement se dissimuler. Mais j'en fais quoi ? Pas question de laisser passer, je suis prof principal, c'est dans mon rôle d'intervenir. Mais comment ? C'est délicat, il ne faut viser qu'à l'efficacité, et ne pas trop tarder. J'ai compris, je vois : un tête à tête avec chacune des élèves concernées suffira.

J'ai commencé ce matin, sans plus attendre, en fin de cours, porte de la salle de classe fermée. Pour dire quoi ? Pas grand-chose parce que je n'ai pas à chercher des excuses ou comprendre ce qui se passe : l'absentéisme a été objectivement constaté par la Vie Scolaire, je n'ai pas à discuter là-dessus mais à sévir et faire en sorte que le problème soit rapidement réglé.

Par coïncidence, nous avons commencé ce matin le cours sur le devoir, c'est à dire la morale. J'en ai profité pour glisser un message : un principe moral ne se discute pas, il s'applique ; par exemple, l'obligation scolaire est un devoir, qui ne souffre aucune exception, qu'importe les pauvres justifications des élèves qui sont chroniquement absents. Message reçu ? Je ne sais pas.

Toujours est-il qu'avec une première élève les explications ne se sont pas très bien passées. Elle a pinaillé, résisté et fini en pleurs. Les larmes ne m'impressionnent pas. La deuxième a été plus finaude, en avouant sa faute et confessant sa responsabilité, promettant qu'elle ne recommencerait pas. C'est bien, j'aime ça. Mais les promesses ne m'attendrissent pas plus que les larmes. J'attends l'engagement et ses résultats. La troisième, c'est pour lundi.

Si tout rentre dans l'ordre, si chacune comprend que certaines limites ne peuvent pas être dépassées, tout ira bien, tout reviendra à la normale, ce sera comme si rien ne s'était passé. Mais si ça ne change pas, je m'acharnerai.

3 commentaires:

Arthur Nouaillat a dit…

Visiblement ma classe serait la pire de tout le lycée en ce qui concerne l'absentéisme.
Notre prof principale nous a dit que le taux d'absentéisme de notre classe était le plus élevé du lycée..
A savoir qu'il y a entre 5 et 7 absents par cours depuis pas mal de temps..

Emmanuel Mousset a dit…

On fait dire aux chiffres ce qu'on veut. 5 à 7 absents par cours, ça me semble énorme. Ma classe, c'est sur les trois premières semaines d'octobre que le pourcentage a été établi.

Chapelier Fou a dit…

Je confirme (étant dans la même classe que Arthur) qu'il y a bien parfois 7 absents pendant un cours. Bien sûr pas tout le temps, mais très bizzarement souvent en Maths...