jeudi 5 novembre 2009

La sagesse d'un enfant.

Je n'ai pas vu les vacances passer. Je n'avais pas vu non plus les semaines de rentrée filer. J'ai un problème avec le temps, il est trop rapide à mon goût, je ne parviens pas à le stopper, à en profiter paisiblement. Et puis, une petite grippe a gâché une partie de mes petites vacances.

La reprise s'est fort bien déroulée. J'ai été heureux de retrouver les salles, de revoir les élèves. Heureux surtout de renouer avec ce tonus qui me rend agréable chaque heure de cours, indispensable même. Dans les vacances, il y a quelque chose d'amollissant , d'émollient que je n'aime pas.

En première heure, avec les Scientifiques, nous avons commencé une nouvelle notion, la vérité, avec la question suivante : Avons-nous des raisons de mentir ? Pour une remise en bouche, c'était pas trop mal. Avec les Littéraires, nous sommes allés en salle informatique pour qu'ils puissent s'inscrire au bac, sous la douce férule de monsieur le proviseur-adjoint.

Puis, en deuxième heure, je leur ai remis leur deuxième devoir, corrigé pendant les vacances. En poussant un peu mes statistiques, je me suis rendu compte que 12 avaient progressé, 12 régressé et 2 égalisé. Dans dix jours, je ramasserai leur troisième et dernier devoir du trimestre, qui me permettra de calculer leur moyenne. Et puis, en décembre, deux devoirs sur table, les premiers de l'année, les attendront.

En quittant à midi le lycée, il pleuvait. Je m'en moquais, la pluie ne pouvait rien contre moi, j'avais le tonus. Une surveillante m'a dit qu'un élève, un collégien, voulait me rencontrer. Tiens ! C'était Igor, le fils de Marie-Claude, dont je vous ai parlé dans un billet la semaine dernière. Nous nous sommes croisés au funérarium, mais on ne se connaissait pas. Il a lu, je ne sais trop comment, mon texte sur sa maman. Il était heureux, je crois, de me rencontrer. Je l'ai trouvé très calme. Comme si le douloureux événement ne l'avait pas atteint. Un collégien comme les autres, parmi d'autres. Mais les grandes souffrances sont rarement visibles.

Toujours est-il que sa sérénité, sa tranquillité m'ont fait du bien, m'ont rassuré. La mort n'a pas le dernier mot. Il y a quelque chose de plus fort qu'elle : le souvenir, la vie. Cet enfant vivra, aura sans doute des enfants, et sa mère restera pour nous tous un souvenir vivant, qu'un jour nous-mêmes irons rejoindre dans la longue liste des souvenirs. Je me suis dit alors que nous n'avions pas besoin de l'éternité, que ce concept de la religion était de trop, inutile. C'est la paix qui rassure et console, pas l'éternité.

Nous avons discuté sous la pluie et le ciel gris, Igor et moi. Lui venait de la cantine, moi je rentrais à la maison pour manger. Nous étions les hommes les plus forts du monde. Ni la pluie, ni le ciel gris, ni la mort ne pouvaient rien contre nous.

2 commentaires:

Valny a dit…

l'an dernier, les 3 notes trimestrielles étaient 2 Devoirs maisons et un sujet surveillé mais vous semblez avoir fait 3 devoirs maisons cette année?

Emmanuel Mousset a dit…

Oui, mais je n'y suis pour rien. Les devoirs surveillés (DS) sont fixés par l'administration. Cette année, ce sera en décembre, la note ne pourra donc pas compter pour le premier trimestre.

L'an dernier, le DS en novembre était trop précoce. La philo est une discipline nouvelle pour les élèves, il faut leur laisser le temps de s'acclimater.