dimanche 26 avril 2009

Corrections sur rails.

J'ai bien profité de mes sept heures de train et de gare, je ne me suis pas laissé tenter par le Simenon que j'avais dans mes bagages. Un Maigret, c'est la littérature idéale quand on voyage. Je me suis tapé une autre forme de littérature: les copies de mes scientifiques, 23 élèves, 19 copies rendues parce que 4 absents, 17 corrigés sur les rails. Ça donne quoi ? C'est pas trop mal. Les défauts et erreurs sont les mêmes que chez les littéraires (de ce point de vue là aussi, la philosophie est universelle):

Qu'est-ce qui est injuste? Les élèves ont contourné la question, évoquant autant le juste que l'injuste, parfois même plus l'un que l'autre, au mépris de la question, qui demande à se concentrer exclusivement sur l'injuste. Certes, celui-ci se définit en opposition à celui-là, mais ce n'est pas une raison pour me parler des deux.

Le risque philosophique face à une telle question, c'est de conclure que tout est injuste, la vie, la mort et le reste, ce qui revient à dire que rien n'est injuste, que l'injustice dans ces conditions n'existe pas, qu'il est donc impossible de la définir, ce qui est un aveu d'échec face à la question qu'on nous pose.

Y a-t-il un progrès de l'humanité ? Les élèves ont privilégié cette question. Juste et injuste sont souvent l'occasion de grosses bêtises. Ce qui n'a pas empêché les fautes, par exemple la description du progrès, et non pas la réflexion sur le progrès. J'ai eu droit parfois à toute la série des progrès possibles et imaginables, avec détails particuliers à la clé, mais sans l'ombre d'une idée. Il serait temps, à cette période de l'année, que mes élèves comprennent que ça ne va pas et que ça ne se fait pas.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

je suis une des élèves de ES et j'ai moi même pris ce sujet et je ne vois pas ce que vous voulez dire sur le fait qu'il fallait insister sur la réflexion sur le progrès ??

Emmanuel Mousset a dit…

Beaucoup d'élèves ont décrit le progrès, surtout technique. Mais ça, ce n'est pas de la réflexion, c'est un simple constat. Il fallait se demander s'il y avait un véritable progrès de l'humanité. Car passer du lavoir à la machine à laver ne signifie pas que globalement l'humanité ait évolué. Réfléchir, c'est se poser des questions. Quand on se contente de constater, on n'est pas dans la réflexion, donc pas dans la philosophie.