lundi 27 avril 2009

Ciné Prof.

Il y aurait toute une étude à faire sur l'image de l'école et des profs au cinéma. Celui-ci a souvent été inspiré par ceux-là. Mais peut-être cette étude existait-elle déjà. Toujours est-il que deux films sont actuellement sur nos écrans et mettent en scène des enseignants. Je ne les ai vus ni l'un ni l'autre mais j'ai lu les critiques et compte-rendus. Je suis preneur d'éventuels commentaires de spectateurs.

La Journée de la jupe, de Jean-Claude Lilienfeld, avec Isabelle Adjani, me trouble assez par son histoire peu banale : une prof de Lettres dans un collège difficile, excédée par le comportement de ses élèves, décide de les prendre en otages et de faire cours pistolet au poing. J'avoue que ce retournement de situation, cette inversion des rôles, cette image d'un prof qui impose son autorité avec une arme m'inquiètent plutôt. Qu'est-ce que ça signifie ? La violence ne légitime pas la violence. Et puis, un prof ainsi représenté, c'est la négation même de l'idée qu'on se fait d'un prof. Bref, tout ça me semble très fantasmatique. Quelles peurs ce film conjure-t-il, quels sombres désirs satisfait-il ?

Le titre, lui, renvoie à une triste réalité, pour moi renversante (là aussi, il y a inversion des valeurs) : des établissements scolaires rongés par le machisme organisent ce type de journée pour souligner la liberté de la femme, dont celle de se mettre en jupe sans se faire traiter de salope. Incroyable, ces choses-là, en 2009, dans un pays moderne, une société émancipée, peuvent exister. Longtemps, la jupe a été un symbole d'asservissement de la femme, son enfermement dans un rôle traditionnel. Avec le pantalon, elle devenait l'égale de l'homme. Aujourd'hui, c'est la jupe qui libère et le pantalon qui opprime !

Mes élèves sont-elles plutôt en jupe ou en pantalon ? Je crois que le pantalon, le jean particulièrement, l'emporte très largement, parce que c'est pratique et que ça n'empêche pas d'être féminine et sexy. Mais cette histoire de jupe revendicatrice et de pantalon discriminateur, ça m'échappe complètement!

La Vague, film allemand de Dennis Gansel, est à l'opposé du précédent : un prof de lycée invente et pratique avec ses élèves un jeu pédagogique chargé de faire comprendre les mécanismes de l'oppression en transformant la classe puis l'établissement en petit régime totalitaire. Là encore, c'est troublant, mais pour une toute autre raison, et je ne peux m'empêcher de me poser la question : tout individu qui possède un pouvoir auquel obéit un groupe installe une situation qui porte des germes de totalitarisme. Le drame de l'être humain, c'est qu'il est enclin à se courber devant l'autorité, à lui obéir servilement. Là où est le pouvoir, là sont la domination et l'oppression.

Quand on est prof, qu'on exerce donc un pouvoir, c'est très embêtant. C'est encore plus embêtant quand on est prof de philo, qu'on prétend émanciper l'homme, former un citoyen éclairé, et qu'on favorise sans le vouloir la stupide obéissance, la soumission aveugle. On appelle ça une contradiction. Pourtant, j'ai horreur du désordre qui me semble toujours injuste, je déteste l'indiscipline bouffonne, mais j'exècre par dessus tout une tête qui s'incline, des yeux qui se baissent, des genoux qui se plient, un corps qui se prosternent. Devant Dieu peut-être, dans l'hypothèse où celui-ci existe. Mais devant un autre homme, jamais ! C'est pourquoi il faut se garder d'inculquer à nos élèves une politesse excessive, outrée. Je veux des citoyens respectueux, pas des esclaves, des soldats ou des domestiques.

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