vendredi 24 septembre 2010

Animation de rupture.


Lundi soir, c'était la rentrée du Ciné Philo. J'ai inauguré à l'occasion un nouveau type d'animation. L'ancien, depuis trois ans, ne me convenait pas toujours : avec un seul micro, j'allais d'un intervenant à l'autre, laissant chacun libre de s'exprimer, sans direction précise. La méthode a du bon quand le public est motivé et réactif. C'est rarement le cas : après deux heures en moyenne de film, c'est plutôt l'assommoir, les spectateurs devant l'écran restent spectateurs pendant le débat, attendent plutôt des explications qu'aspirent à donner leur avis. Il est très difficile de transférer l'esprit Café Philo au Ciné Philo.

Ma solution, qui a incontestablement fait ses preuves lundi mais qui doit être confirmée : ne plus bouger, laisser une autre personne s'occuper du micro, demeurer debout devant le public, en situation d'affrontement, en vue de le provoquer, l'amener à réagir, à s'exprimer. Comment ? En faisant une courte introduction sur le film et les réflexions qui en découlent, afin de capter dès le début du débat l'attention. Je note aussi sur un bout de papier, pendant la projection, les scènes, dialogues qui me marquent, les idées qui me viennent (dans le noir c'est pas évident mais on y arrive !).

Je me sers ensuite de tous ces matériaux pour poser des questions, interpeller l'assistance, émettre des avis non conformistes. Car le problème vient de là : nous crevons de conformisme, la vérité qui n'est pas la nôtre nous dérange, nous horripile. L'arbre est un film que la critique a presque unanimement salué, sauf un article dans Télérama. Je suis donc parti de là pour asticoter mon monde, pour contester les propos de bon ton. Charlotte Gainsbourg étant une actrice à la mode, les spectateurs abondent généralement dans son sens.

Une fois encore, j'ai pu faire l'expérience de la résistance humaine à une idée qui ne lui convient pas, qui ne s'accorde pas avec l'approbation générale. Au lieu de tolérer une opinion différente (et éventuellement de chercher à la comprendre), j'ai physiquement senti que le public se fermait, préférait l'opinion commune, consensuelle, rassurante, au point de vue divergent. Mon animation a pour objectif de casser ça, de faire surgir d'autres vérités que celle bénie de l'opinion publique formatée par les médias. Jacques Vergès parle de défense de rupture en matière de droit ; je reprendrais son expression : une animation de rupture, voilà ce à quoi je m'astreins. Ce qui signifie que je suis plus Droit de réponse que Dossiers de l'écran, plus Le masque et la plume qu'Apostrophes.


En vignette, mes activités au cinéma ces deux prochains mois.

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