vendredi 9 décembre 2011

Des chaises et des tables.






La vie d'un enseignant se heurte parfois à des problèmes pratiques, très techniques. Ainsi celui des chaises à ranger quand le cours est terminé. Pour une femme de ménage, cette tâche prend un temps non négligeable : 35 à 40 chaises à installer sur les tables afin de passer le balai. Si chaque élève prend soin de s'occuper de sa propre chaise, le travail est réalisé en quelques secondes. C'est donc l'idéal. Mais ce n'est pas la réalité. Pourquoi ?

D'abord les enseignants, moi le premier, oublient de demander à leurs classes, en fin de journée, de mettre les chaises sur les tables. Les élèves, quant à eux, n'ont qu'une idée en tête à ce moment-là : partir. Comment remédier à ce problème ? J'ai trouvé : faire appel aux délégués de classe pour qu'ils préviennent leur professeur. Ils le feront d'autant plus volontiers qu'à la différence de l'enseignant ils ont l'oeil sur le temps qui passe et l'aiguille de la montre. Ils sauront rappeler à leur professeur qu'il est temps de mettre les chaises sur les tables, c'est à dire de finir le cours et de quitter la salle.

Alors se pose un nouveau problème technique : comment ranger les chaises ? Car n'importe quelle disposition n'est pas acceptable. D'instinct et par facilité, l'élève préfère soulever la chaise et l'installer sur ses pieds (vignette 1). C'est plus rapide, et l'élève n'a pas une seconde à perdre. Mais c'est moins pratique pour la femme de ménage. En effet, la surface d'une table est réduite, les quatre pieds de chaise effleurent le bord. Quand le balai passe entre les tables et inévitablement heurte leurs pieds, ce sont les pieds de la chaise qui réagissent, se cabrent et se cassent la gueule. Le travail d'entretien devient infernal.

La technique, c'est de poser la chaise pattes en l'air, pour qu'elle reste immobile (vignette 2). Il y a une variante de cette position : la chaise agenouillée, prosternée, tête baisant la table (vignette 3). Mais ces deux configurations prennent un certain temps, surtout quand le groupe d'élèves est deux fois moins nombreux que les tables et les chaises. Certaines classes sont rebelles.

La solution sinon idéale du moins préférable est technique, pas humaine. La vérité et la difficulté, c'est que la chaise et la table ne sont pas faites l'une pour l'autre, et sont carrément ridicules l'une sur l'autre. Sauf certain type de chaises, moderne, qui s'encastre dans la table comme la main entre dans son gant (vignette 4). Alors l'élève, d'un geste rapide, range aisément sa chaise sans avoir l'impression de la ranger. De plus, l'opération est beaucoup moins bruyante que les chaises traditionnelles, qui font un boucan d'enfer quand on les monte sur le dos des tables. Mais voilà : les modernes sont beaucoup moins nombreuses que les anciennes. En attendant que celles-ci ne soient entièrement remplacées par celles-là, les chaises seront condamnées à grimper sur les tables, pattes en l'air, avec l'aide des élèves, sous l'autorité du professeur.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Tiens, mettre les chaises sur les tables, je l'ai fait faire encore aujourd'hui mais je n'ai jamais imaginé d'autres variantes que la première, mais nos chaises sont différentes, un peu comme les chaises de bureau, donc un pied avec quatre petites ramifications.
A part cela, votre questionnaire sur la différence m'a donné des idées pour amorcer la question des rapports avec autrui. Bonne fin de semaine, j'admire votre activité et votre engagement sur tous les fronts!