Elle s'appelait Pierrette Leblon. Vous ne la connaissiez pas, même de nom. Moi non plus. Je l'oublierai sans doute assez vite, très naturellement. Il n'y a que ce blog qui s'en souviendra. Elle participait à l'atelier-philo de Cambrai, où je me suis rendu cet après-midi et où j'ai appris son décès. Son visage ne me revient pas à l'esprit. Quand on a presque quarante personnes devant soi, c'est inévitable.
Mon regard a dû pourtant croiser son regard, pas plus tard que la dernière fois, il y a trois semaines. Sans doute a-t-elle pris des notes (le sujet était alors "Faut-il oser ?"), qui sont quelque part, dans un tiroir, que plus personne ne lira. C'est bizarre : se dire que quelqu'un a pris soin de m'écouter, de réfléchir, de prendre note, de venir à plusieurs séances, de songer probablement au rendez-vous d'aujourd'hui, qui n'aura jamais lieu, plus jamais. Peut-être Pierrette Leblon avait-elle préparé le sujet, qui portait sur "La mémoire et le temps" (voir vignette) ?
C'est étrange : j'ai parlé à un moment de l'oubli, du temps qui passe et qui ne retient rien, ou si peu. C'est le sort réservé à Pierrette Leblon et à chacun d'entre nous. Dans quelques siècles, et sûrement avant, nous ne serons même plus des souvenirs. C'est là que nous aurons atteint le néant. Est-ce grave, désespérant ? Pas nécessairement. En tout cas, cet après-midi, nous avons comme les autres fois pensé et ri. Mais sans Pierrette Leblon. Pourquoi se comporter autrement ? C'est la vie ! Celle-ci continue, quoi qu'il arrive. Les obsèques auront lieu demain.
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