samedi 4 décembre 2010

Ce sapin me gêne.


Lorsque je demande un petit service à des élèves, je ne rencontre aucun problème, aucun refus. Au contraire, ils sont plusieurs à se porter volontaires. Comme s'ils mettaient un point d'honneur à pouvoir réaliser une tâche enfin réalisable, contrairement aux dissertations ou commentaires philosophiques. Je suppose que c'est ainsi avec tous les enseignants.

Hier donc, j'ai demandé à mes élèves s'ils voulaient bien prendre une photo du sapin de Noël qui est dressé dans le foyer des lycéens (voir vignette). J'aurai bien sûr pu le faire moi-même. Mais je ne voulais pas venir les embêter dans un endroit qui leur appartient. Deux filles se sont exécutées, sans même me demander pourquoi je faisais ça, comment j'allais utiliser la photo.

Pourquoi, justement ? Parce que ce sapin de Noël me gêne ! C'est un vrai sapin, avec ses boules, guirlandes, lumières qui clignotent et même de faux cadeaux à ses pieds. Mais pourquoi suis-je contre ? Parce qu'il est ici depuis une bonne semaine, c'est-à-dire à plus d'un mois de la fête. La société moderne a complètement distordu notre rapport au temps, à la durée. Il n'y a pas si longtemps, le délai de décence pour installer un sapin de Noël montait à une semaine, pas au delà.

Ça me gêne de voir cette ambiance de Noël et de vacances commencer si tôt, dans un établissement scolaire normalement dédié au travail. Imaginez que cette manie se généralise : on songerait au sable chaud un mois avant de plonger dans la grande bleue, on récolterait les oeufs de Pâques cinq semaines avant la date, ... Pourquoi ne pas ranger ses livres et cahiers le mercredi matin, en vue du prochain week-end ? Le temps passe si vite ... Je crois que c'est au nom de cette rapidité que le sapin de Noël s'est précocement installé.

Vous me direz que ce n'est pas très grave, que ça n'empêche pas les élèves de travailler, que la présence de l'arbre décoré n'est qu'un symbole. Justement, parce que c'est LE symbole des fêtes de fin d'année, il faut l'utiliser avec précaution et discernement. Sinon il perd tout son sens.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

T'as commandé quoi au Pére Noël ??

Le manuel du parfait candidat ou celui du citoyen de la république ???

Emmanuel Mousset a dit…

Ni l'un ni l'autre, mais en cette période de chasse-neige, j'ai commandé un chasse-crétin.

Anonyme a dit…

monsieur,

tout d'abord bravo pour vos differents articles et votre perseverance...

toutefois, je ne m'attendais pas à une telle introduction pour cet article.

que vous fassiez le constat d'un volontarisme désinteressé de l'élève (possible d'ailleurs )en niant qu'il obeit simplement parce qu'il y a un rapport de pouvoir inhérent à votre fonction ...je m'etonne
mais que vous finissiez ce paragraphe par un " je suppose que c'est ainsi avec tous les enseignants " qui appelerait un petit commentaire, du style : " ha non ! il n'y a qu' avec vous monsieur mousset !!..là vous me faites peur

d'autres part , j'ajouterais ,par rapport à votre remarque sur les deux jeunes filles qui s'executent sans meme demander pourquoi...que tout cela me rappelle le film avec yves montand " i comme icard " et la passage sur la force de la l'autorité et la soumission qui s'y rattache ...
( qu'il serait interessant de projeter dans l'un de vos ciné philo , non ?! )

mais venons en à ce qui me gene vraiment.
vous pronez souvent à travers vos articles, et je vous en félicite,l'idée de communauté , d'interet général etc...
or, ce sapin n'est il pas le symbole de la volonté de cette jeunesse de communier, de se rapprocher à travers un -sens commun-
vous dites , ce symbole perd tout son sens .
au contraire , les jeunes trouvent surement du sens à travers ce sapin, rien que le fait d'avoir un objet commun, dans leur lieu à eux ,come vous le dites si bien
au fond, ils ne sont ou ne veulent pas etre, si individualistes que ça
pour finir ,je dirais qu'il trouve du sens là ou ils peuvent, car l'ecole ne leur en donne peut etre plus
la jeunesse marche par signaux , c'est bien connu .
ce sapin qui vous fait réagir et peut etre tout simplement un appel au sens , à l'esprit de groupe...

la veille,