lundi 24 août 2009

Des histoires d'enseignants.

Quand un enseignant part en vacances, où que ce soit, il a statistiquement de grandes chances (mais est-ce une chance ?) de rencontrer un ou plusieurs autres enseignants. C'est en tout cas une expérience que j'ai toujours pu personnellement vérifier, à nouveau cette année. C'est plutôt rassurant, c'est la preuve que la race est prolifique et très loin d'être en voie d'extinction. J'ai ainsi sympathisé avec Christian, Virginie et Dominique, respectivement prof d'histoire-géo à Grenoble, prof d'arts plastiques du côté de Pau, instit dans le Gard.

Et quand un enseignant rencontre un autre enseignant, savez-vous ce qu'ils se racontent ? Des histoires d'enseignants ! Vous me direz peut-être que c'est normal, logique. Non, pas du tout. Je suis certain qu'une secrétaire qui croise pendant ses vacances une secrétaire ne se racontent pas des histoires de secrétaires. Pas autant en tout cas que ne peuvent le faire des enseignants. C'est là aussi rassurant, c'est le signe qu'ils aiment tellement leur métier qu'ils ne peuvent pas s'empêcher d'en parler, même en plein farniente.

Avec Virginie, j'ai parlé pédagogie. En arts pla, c'est gratiné : une heure par semaine, de nombreuses classes, des centaines d'élèves, une image de la discipline pas toujours très bonne. Et pourtant, qui peut nier que l'apprentissage de la beauté et de la création sont indispensables à l'enseignement ? De Christian, j'ai appris que dans son lycée le sacro-saint emploi du temps de l'enseignant était envoyé à chacun en début juillet par internet. Voilà une idée que je vais soumettre à mon chef d'établissement !

Cette sociabilité naturelle entre enseignants, si elle a quelque chose de réjouissant, ne me satisfait pas complètement, y compris quand je suis le premier à la pratiquer, comme cet été. Entre soi, discutant de nos problèmes, étant amené inévitablement à nous plaindre, nous excluons les autres, nous nous en distinguons, nous donnons une image de repli qui n'est peut-être pas la meilleure. Ce n'est pas propre aux enseignants, ça ne discrédite pas la profession. Le phénomène d'entre soi frappe tout milieu qui se sent solidaire et qui croit fort en ses missions. C'est réjouissant pour nous, je comprends que ça puisse être irritant pour les autres. L'école de la République est au coeur de la République mais pas en son centre. C'est un organe vital mais pas le seul et unique.

12 commentaires:

Anonyme a dit…

Retrouver des collègues en vacances ET parler boulot : quelle horreur!

Emmanuel Mousset a dit…

Vous voulez dire plutôt : quelle bonheur !

Emmanuel Mousset a dit…

"Quel" bonheur, bien sûr.

Anonyme a dit…

Non, je persiste : quelle horreur!
On a déjà du mal à oublier nos élèves et le travail, alors si en plus certains prennent un malin plaisir à nous les rappeler pendant les seules vraies vacances de l'année, c'est HORRIBLE!
Des enseignants peuvent très bien parler d'autres choses entre eux, heureusement.
Moi j'ai tendance à fuir ceux qui ne parlent que de l'enseignement.

Arthur Nouaillat a dit…

Au dernier anonyme :

"quelle horreur!", "c'est HORRIBLE!"

Vous n'exagérez pas un peu trop ?

Emmanuel Mousset a dit…

Pour ma part, je ne connais que les horreurs de la guerre. Le reste, si on y réfléchit bien et pour peu qu'on le veuille, n'est que douceur. Y compris les histoires d'enseignants.

Anonyme a dit…

Non, je n'exagère pas.
Le métier d'enseignant est une activité dont on a énormément de mal à s'évader lors des "petites" vacances. Les vacances d'été constituent donc le seul moment où l'on peut essayer de penser à autre chose, alors quand un collègue commence à parler travail, s'il s'éternise, moi je fuis!

Arthur Nouaillat a dit…

J'ai l'impression que vous prennez les élèves pour la peste et qu'il faut fuir d'urgence. En analysant vos propos, on se rend compte que pour vous c'est un véritable calvaire, un supplice !

Soldat Karl a dit…

Je crains alors que vous n'aimez pas votre profession...

Anonyme a dit…

"Période de repos pendant laquelle on cesse toute activité professionnelle."
C'est la définition du dictionnaire Encarta.

Je n'ai jamais dit que je n'aimais pas ma profession mais pour pouvoir affronter la réalité du terrain au jour le jour, il faut être frais, j'essaie donc de déconnecter TOTALEMENT pendant les vacances d'été, puisque comme je l'ai déjà écrit c'est quasiment impossible durant l'année scolaire.
Et rien que le fait de ne pas pouvoir m'évader de ce contexte professionnel durant les petites vacances prouve que mon métier est en moi.

Vous êtes élève en première à la rentrée, si j'ai bien suivi, vous ne pouvez donc pas encore savoir ce qu'est réellement le métier d'enseignant. Moi, je peux vous dire que j'ai déjà passé un année qui aurait fait démissionner beaucoup de personnes. Non seulement je n'ai pas démissionné, mais je ne me suis même pas mise en arrêt maladie, alors que si j'avais été voir un médecin, j'aurais été arrêtée sans aucun problème. J'ai mis un an à m'en remettre, mais je suis toujours fidèle au poste, alors s'il vous plaît, ne me dites pas que je fuis les élèves comme la peste ou que je n'aime pas ma profession!
Je veux juste pouvoir oublier mon métier pendant quelques semaines par an!

Arthur Nouaillat a dit…

Alors si c'est une "HORREUR" et que c'est "horrible" de parler de cours, d'école et d'élèves pendant les grandes vacances, que faites-vous sur ce blog à lire les billets de Mr. Mousset alors que nous sommes à une semaine de la rentrée ?

Anonyme a dit…

Mais je ne suis plus en vacances, justement, car une année se prépare avant les 2 jours officiels de pré rentrée quand on a un minimum de conscience professionnelle.