lundi 27 juillet 2009

Fermeture provisoire.



"Quand je me joue à ma chatte, qui sçait si elle passe son temps de moi plus que je ne fais d'elle ? Nous nous entretenons de singeries réciproques : si j'ay mon heure de commencer ou de refuser, aussi à elle la sienne. " MONTAIGNE, Essais, Livre II, chapitre XII.
Prof Story va prendre un mois de vacances. Je vous retrouverai le dimanche 23 août.
Bel et bon été à toutes et à tous.

dimanche 26 juillet 2009

Facebook.

Je ne suis pas un habitué de Facebook, je ne vois pas trop l'intérêt de ce système. Mais les élèves en sont très friands. Et je reçois d'eux de nombreuses invitations à me connecter. C'est ainsi que j'ai découvert que la photo de fin d'année, où je suis, à mon bureau, entouré par mes TL2, figurait sur ce site. Ça ne me dérange pas, les photos sont prises pour être regardées, et celle-ci n'avait évidemment rien d'intime ou de secret.

C'est Jérémy qui l'a repiquée sur le blog. Ce que j'ai surtout découvert, ce sont les commentaires d'élèves qui suivent, dont je vous livre quelques extraits :

"Totale classe". Clotilde.

"Monsieur Mousset mon idole". Camille.

"Il est culte ce prof, et pourtant c'est le plus spécial ... Pour un prof qu'on a 8 heures par semaine, il est cool, j'adhère". Anthony.

"C'est le meilleur, regardez-moi ce sourire radieux". Jérémy.

"Oh Mouss-Mouss, qu'est-ce qu'il me manque". Chloé.


Ainsi me voient quelques élèves ...

samedi 25 juillet 2009

Mon prof d'histoire-géo.

J'ai retrouvé Jocelyne sur Copains d'Avant il y a trois ans, nous avons un peu échangé puis la vie a repris son cours. C'était une camarade de classe, en Terminale, il y a trente ans. Ces jours-ci, je reçois de ses nouvelles, sa fiche a été mise à jour. O surprise, je découvre parmi ses "amis" un nom qui me revient : Jean-Pierre Chapoulie, 63 ans, prof, habitant Bagnères-de-Bigorre. C'est lui, bien sûr, mon prof d'histoire-géo quand j'étais lycéen à Argelès-Gazost ! Ca fait un petit choc quand même. Si je n'avais pas lu ce nom, m'en serais-je souvenu, aurais-je l'occasion de m'en rappeler ? Pas certain ...

Monsieur Chapoulie, l'année scolaire 1978-1979 ... L'année précédente, dans le même établissement, en Première, mon prof d'histoire-géo était un drôle de petit bonhomme assez âgé (pour moi qui avait 17 ans !), doté d'une voix pas très agréable et lisant mécaniquement ses petites fiches blanches cartonnées en guise de cours. Il marchait en s'appuyant sur une canne, qu'il déposait au travers de son bureau, un peu menaçant, ce qui rajoutait à l'aspect étrange et peu séduisant du personnage (pour un lycéen, tout prof est vu comme un personnage en soi, qu'on aime ou qu'on n'aime pas).

Ma prof de français d'alors disait de lui qu'il était "anarchiste de droite". Anar de droite ! Quel paradoxe quand on est adolescent ! Ce n'était pas faux, il était râleur, semblait aigri, critiquait tout, versait fréquemment dans l'ironie. Mais ce paradoxe le sauvait : c'était le seul mystère qui rendait un peu attirant ce prof qui ne l'était vraiment pas (et qui ne cherchait pas du tout à l'être !).

A la rentrée 1978, quand j'ai eu comme prof d'histoire-géo Monsieur Chapoulie, ça changeait du tout au tout : il était jeune, passionnant et, au physique, le contraire du prof précédent. Trente ans après, j'ai en tête quelqu'un de coquet, portant souvent gilet et foulard, un petit bouc à une époque où ce n'était pas encore la mode, des yeux très noirs, très vifs, des cheveux très bruns, un fin sourire aux lèvres, un visage vivant et qui donnait de la vie à son enseignement.

Monsieur Chapoulie prenait autant soin de ses cours que de sa personne. Rien qu'à le voir sortir délicatement ses notes et documents de son cartable, les disposer avec respect et précision sur le bureau, j'avais envie de l'écouter. Je le revois encore, le visage penché sur ce bureau, regardant ses feuilles sans les lire, les bougeant du doigt pour qu'elles restent bien droites devant lui, et c'était parti pour une heure ou deux de passions à travers l'espace ou le temps, la géographie ou l'histoire. On ne dira jamais assez combien l'allure, la démarche, la présentation du professeur jouent un rôle auprès des élèves, qui les amènent ou pas à adhérer à ce qui leur est transmis.

Du personnage de Monsieur Chapoulie se dégageait une élégance toute simple, sans affectation. Je crois me souvenir qu'il s'intéressait justement à la mode et à ses évolutions à travers les âges, mais peut-être que je confond, que ma mémoire me joue des tours. De même, j'ai à l'esprit qu'il était engagé politiquement, communiste il me semble, élu municipal (son raffinement ne correspondait pas à l'idée que je me faisais d'un militant communiste, on est toujours un peu bête quand on a 17 ans). Cela se disait entre nous, mais les lycéens causent et se trompent beaucoup ... Quoi qu'il en soit, son enseignement était d'une totale objectivité.

Je m'amusais, moi qui m'intéressais déjà à la politique, de discerner chez lui, dans ce qu'il nous disait sur telle période de l'histoire (en Terminale, on étudie le XXème siècle), un mot, un jugement, une allusion qui auraient pu trahir son appartenance communiste. Rien, jamais rien pendant toute cette année scolaire n'a transpercé, ne s'est exprimé. Monsieur Chapoulie était scrupuleusement laïque.

J'ai toujours aimé l'histoire (la géo un peu moins), Monsieur Chapoulie me l'a fait aimer encore plus. Je me souviens d'un devoir dont j'avais été particulièrement fier puisque j'avais eu 19 ! Le sujet portait sur le Front Populaire. Trente ans après, s'en souvenir, moi qui ai oublié tant de choses depuis, vous vous rendez compte ! Oui, j'ai aimé et admiré ce prof, comme j'aimerais qu'aujourd'hui quelques élèves m'aiment et m'admirent. Je sais bien que c'est une faiblesse que de l'avouer. Mais on ne peut pas tout le temps être fort ...

Je vais envoyer à Monsieur Chapoulie ce billet, je ne sais pas s'il le recevra, mais si je vois son nom s'inscrire sur ma boîte de réception, mon coeur va battre très fort, c'est sûr. Trente ans, ce n'est pas rien. Il ne se souvient sans doute plus de moi. Et je ne suis même pas certain que le portrait que je viens d'en faire soit exact, fidèle. Si ma bouteille à la mer reçoit une réponse, je vous le dirais.

vendredi 24 juillet 2009

Une expérience incroyable.


Regardez bien cette photo de classe. Elle m'a été envoyée par une ancienne élève, Céline, via le site Copains d'avant, auquel je suis inscrit. Regardez bien car cette photo a été l'objet pour moi d'une étrange expérience. J'ai été le professeur principal de cette classe, une TES2, c'était en 2001. Huit ans, ce n'est pas bien vieux. Et pourtant, allez-vous me croire, sur 24 élèves, je n'en reconnais tout au plus que 4 ou 5, et encore ne faut-il pas me demander leurs noms ! Certes la photo scannée n'est pas très nette, mais tout de même ...

Je pense à mes classes de cette année qui vient de se terminer, dont j'ai toujours en mémoire (quand même !) les élèves : combien faudra-t-il de temps pour que les noms et les visages s'effacent presque totalement de mon esprit ? Voilà une expérience angoissante, celle de l'oubli.

Mais il y a pire, et c'est incroyable : regardez à nouveau cette photo, attentivement, élève après élève. Vous remarquez qu'ils portent tous des maillots de sport, façon de marquer l'année par une petite originalité. Vous remarquez aussi qu'il n'y a pas d'enseignant à leur côté. Regardez bien. En êtes-vous certains ? Moi aussi, en examinant chaque visage en quête de traits connus qui puissent éventuellement me suggérer un nom, m'arracher un souvenir, j'ai cru ne reconnaître personne ... pas même moi ! Car oui, aussi incroyable qu'il paraisse, je suis sur cette photo et je ne me suis pas tout de suite identifié. Aurais-je à ce point changé que je n'ai vu que des élèves là où il y avait aussi un professeur, en l'occurrence moi-même ?

Alors, où suis-je ? Cherchez, observez, je vous laisse trouver et me répondre. Mais j'y suis, c'est certain, avec des allures de gamin, avec mes lunettes, ma barbe naissance et ma petite carrure. La mémoire me revient : j'avais moi aussi enfilé le maillot que les élèves m'avaient proposé. L'oubli n'a donc pas eu le dernier mot. J'ai un peu vaincu le temps qui passe. Mais quelle expérience incroyable !

jeudi 23 juillet 2009

Philo toujours.



Karine Perocheau, de L'Aisne Nouvelle, a fait ce matin un excellent article sur notre soirée d'hier consacrée à l'homme sur la Lune. L'esprit de ma conférence est fidèlement reproduit, je vous en confie donc la lecture.
De même, vous pouvez consulter Aisne TV pour nos activités de l'après-midi : http://www.aisne.tv/Archivage-Des-JT-220709
A part ça, je suis allé aujourd'hui à la Fédération des Centres sociaux de l'Aisne, qui loge dans ma rue (j'y passe chaque matin en allant à Henri-Martin). Objectif : une réunion à la rentrée avec les "référents familles", afin de réfléchir sur leur métier, son identité, ses limites, ses problèmes.
Pourquoi faire appel à moi, prof de philo, pour animer ce débat ? Parce que la profession, comme beaucoup d'autres, a envie et besoin de réfléchir sur elle-même, qu'un regard extérieur est indispensable pour ça, qu'un prof de philo est le bienvenu parce que son boulot c'est justement la réflexion, la prise de distance, le regard élargi, l'interrogation, l'esprit critique, etc.
L'apport contemporain de la philosophie est là, dans cette mise à disposition pour des milieux, des activités qui n'ont rien à voir avec la philosophie mais qui ressentent la nécessité de s'adresser à elle pour simplement penser ce qu'ils sont. La philosophie n'est pas instrumentalisée ou dénaturée comme le craignent certains de mes collègues, elle est sollicitée. Elle a donc toutes les raisons d'en être fière. Elle joue un rôle en quelque sorte social, elle a son utilité dans la vie de la cité. Qui s'en plaindra ?

mercredi 22 juillet 2009

Une Lune de philosophe.



Il y avait hier soir une quarantaine de personnes pour écouter nos deux conférences sur la Lune. Le temps de rentrer chez moi, me changer et enlever mon chapeau (voir le billet d'hier) et j'étais prêt. Un incident indépendant de notre volonté (c'est la formule consacrée quand on ne veut pas dire de quel incident il s'agit) nous a fait débuter avec 30 minutes de retard. Embêtant ! Heureusement, j'avais de quoi meubler (c'est la photo). Je me suis servi du quiz Apollo 11, utilisé dans l'après-midi sur la plage, pour faire patienter. C'est pourquoi vous voyez les participants avec une feuille entre les mains. Au micro, je donne les résultats. Nous sommes dans la magnifique salle Antoine-Vitez du non moins magnifique théâtre Jean-Vilar. Appréciez le décor !


Au premier rang, du beau monde : en bermuda de vacancier, hilare, c'est le vice-président de la communauté d'agglomération. A un fauteuil de lui, en plus classique, c'est le maire-adjoint chargé du patrimoine, qui en la circonstance s'est chargé de m'indiquer où était l'interrupteur du magnifique lustre (tout est magnifique à Jean-Vilar). Sans lui, nous aurions parlé de la Lune dans la nuit, ce qui aurait eu aussi son charme. A côté, veste bleue librement posée sur les épaules, c'est le maire-adjoint chargé de la culture. Bref, nous étions humainement armés pour fêter dignement ce 40ème anniversaire.


Au fond de la salle, vous remarquez deux personnes avec un rectangle blanc sur la poitrine, comme en ont les jeunes Mormons qui déambulent dans notre ville. Ce ne sont pas des Mormons ! (ils sont reconnaissables à leur chemise blanche éclatante et leur pantalon noire) Non, ce sont des membres de l'Astro-Club 02, dont le président est assis, en bleu, Francis Daudré. Laurent Portois, président de Saint-Quentin Astronomie, est invisible sur la photo, il est à ma gauche, installant son matériel pour passer le diaporama "De la Terre à la Lune".


Avez-vous remarqué, à la 2ème place à la droite de Francis, un étrange personnage ? Regardez bien. Il a une barbe blanche et un drôle de chapeau pointu couvert d'étoiles. Qui est-ce ? C'est Galilée, représenté par un membre de l'Astro-Club qui a dans la journée amusé les enfants et qui a gardé son déguisement pour le soir. Pourquoi Galilée ? Parce qu'il y a 400 ans, le vénérable savant pointait sa lunette vers la Lune. 400 ans, 40 ans, toute une aventure ! Bon, notre Galilée ressemblait plus à un magicien ou à un astrologue qu'à un scientifique. Pas grave, c'est l'intention et le message qui comptent. Darwin, Galilée, Armstrong, quelle année 2009 ! 2010 sera moins riche en commémorations pour moi signifiantes.


Revenons à la photo. Sur la table, vous retrouvez mon indispensable montre de conférencier, avec trois documents à côté de ma pochette rouge qui contient le plan de mon exposé : l'ouvrage J'ai marché sur la Lune (des extraits d'un livre en anglais de Neil Armstrong), le dvd du film In the shadow of the Moon, le "numéro historique" de Paris Match d'août 1969, la une du Monde datée du 22 juillet 1969, le magazine Science et Vie de janvier 1965.


C'est avec tout ça que je me suis lancé dans mon exposé philosophique, après que Laurent nous ait rappelé les données scientifiques de la conquête de la Lune. Pourquoi philosophique ? Parce que cette aventure, par tout le symbolisme qu'elle déploie, est hautement philosophique, sous des aspects d'abord technologiques. Que s'est-il passé là-haut le 21 juillet 1969 ? Rien moins qu'une opération de désacralisation, un véritable sacrilège : l'homme a osé "toucher" ce qui relevait, depuis bien longtemps, du domaine des dieux (car le sacré, c'est ce à quoi il ne faut pas "toucher"). S'est ouverte alors une nouvelle étape de l'humanité, dont nous avons la chance inouïe de connaître les débuts. Ce sur quoi elle débouchera, nous n'en savons rien. Et puis, la Lune nous a ramenés sur Terre : nous l'avons enfin vu, cette boule blanche et bleue dans le noir absolu, c'est elle, c'est notre Terre, si belle, si fragile. C'est pourquoi je suis persuadé que la conquête de la Lune nous ouvre aussi les portes d'un nouvel humanisme.

mardi 21 juillet 2009

Les 40 ans.






Nous avons été gâtés par le temps, pour ce 40ème anniversaire de l'homme sur la Lune. Hier, c'était gris et pluie, et demain pas mieux. Aujourd'hui, à part un petit vent parfois gênant, c'était le beau soleil tout l'après-midi. Et ça tombait bien puisque nous avions justement prévu de l'observer, le soleil, avec une lunette spéciale. Les présidents des trois associations organisatrices (photo 1) ont pris solennellement la pose autour de la plus fameuse photo de cosmonaute (il s'agit d'Aldrin pris par Armstrong, avec le superbe reflet sur la visière).
Nous avons accueilli une bonne centaine d'enfants, pour un concours de dessins à colorier dont nous avons exposé les meilleurs spécimens (photo 2). Pour les plus grands, un quiz Apollo 11, concocté par mes soins, vérifiait les connaissances de chacun sur la première mission lunaire (photo 3). Les parents s'y sont mis aussi. Nous avons eu les honneurs de la presse locale et aussi, c'est assez rare, de la télévision axonaise sur le Net, Aisne TV, qui a réalisé un reportage (que vous pourrez consulter dans leur journal de demain).
Une exposition de photos de la Lune de nos amis astronomes donnait à rêver pour qui acceptait de se laisser transporter, j'avais apporté une pleine malle de documents sur Apollo 11, dont le numéro historique de Paris Match de l'époque. Au final, Laurent, Francis et moi étions contents. Ça fait des mois qu'on y pense, qu'on prépare, et puis voilà, c'est fait, en quelques heures. Non, pas tout à fait : il reste les deux conférences de ce soir, dont je vous parlerai demain.